CONGO-BRAZZAVILLE/FRANCE : Un démon (très bientôt) à l’Elysée

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Selon certains Congolais (et pas seulement de la diaspora), Denis Sassou Nguesso aurait envoûté Emmanuel Macron. Ce constat mérite d’être fait car le président français ne tient nullement cas ni compte de la souffrance des Congolais dont beaucoup ont fui les massacres de ce démon pour se réfugier en France (pays des droits de l’homme), en attendant que l’ogre d’Oyo quitte le pouvoir. Dans un texte incisif publié le 15 mai 2025 sur le site quotidien d’Afrique Education (www.afriqueeducation.com), intitulé  » 4e Mandat (?) de Ouattara Dramane : Où sont Achille Mbembe et S. Bachir Diagne (de la Fondation pour l’innovation de la démocratie de Macron) chargés de veiller à la bonne pratique de la démocratie en Afrique ? », il a été démontré que le président français est l’un des principaux fossoyeurs de la démocratie en Afrique. Alors que Ouattara remue ciel et terre pour s’octroyer un 4e mandat auquel il n’a pas droit après avoir exclu tous les principaux candidats de l’opposition (Thiam, Gbagbo, Blé Goudé, Soro, etc.), la fameuse fondation de Macron, un véritable machin, garde un calme des cimetières. Ainsi va l’idée démocratique du jeune président français dans sa relation avec l’Afrique.

Afrique Education pense qu’Emmanuel Macron est plus qu’un fossoyeur de la démocratie en Afrique. Il fait pire que de Gaulle et Jacques Chirac réunis. Franchement inapte à la fonction présidentielle (bien qu’élu par les Français), il a tour à tour réussi la prouesse de jeter hors du champ politique français, le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Centrafrique, le Sénégal, et, surtout, le Tchad qui a fini par chasser l’armée française et signé avec la Russie de Vladimir Poutine. Une incroyable performance ! Mais, comme s’il était sur un très bon chemin, Emmanuel Macron est en train de travailler au départ de la France en Côte d’Ivoire en ne soutenant le départ du pouvoir de Ouattara que du bout des lèvres. Il en est de même du Congo-Brazzaville dont le président est totalement dévalué aussi bien pour les Français, que pour des Congolais et des Africains. Sassou ne peut plus rien apporter ni au Congo, ni aux relations franco-congolaises. En venant en France, il ambitionne d’empêcher la justice française de faire ses enquêtes sur son clan dont la première dame, Antoinette Sassou-Nguesso, qui est menacée par une mise en examen que Sassou demande à Macron d’empêcher par tous les moyens. Du copinage pur et simple !

Nous publions ci-dessous le ras-le-bol (il n’y a pas un autre terme) de l’opposant congolais, Modeste Boukadia. Suivez la logique de l’interpellation qu’il fait au président français pour comprendre l’état réel de la relation entre la France et le Congo-Brazzaville et de la situation qui prévaut dans ce pays.

Lettre ouverte à Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République française
Par Modeste Boukadia
Chartres, le 21 mai 2025

Monsieur le Président,

Le 24 février 2025, je vous avais déjà adressé une lettre ouverte à l’annonce de la venue de Monsieur Denis Sassou Nguesso en France. Il me semble nécessaire de vous la réitérer aujourd’hui, car son contenu demeure tristement d’actualité.

Mais permettez-moi de vous poser une question simple et directe : connaissez-vous réellement l’homme à qui vous vous apprêtez à dérouler le tapis rouge ?

« Ce que je fais, c’est la France qui me le demande » : une déclaration glaçante

Pour mémoire, selon ses propres paroles — que je cite une nouvelle fois — Monsieur Sassou Nguesso affirme :

« La France ne peut pas me chasser car ce que je fais, c’est la France qui me le demande. »

Alors, Monsieur le Président, qu’a donc demandé la France ? De brûler le Pool ? De kidnapper des opposants ? De sacrifier toute une jeunesse ? Je me borne ici à rappeler quelques faits, volontairement limités aux atteintes aux droits humains, en laissant temporairement de côté les dérives en matière de gouvernance et de pillage économique.

Le long inventaire de l’horreur

  • Arrestations et kidnappings d’opposants politiques
  • Assassinat du président Marien Ngouabi
  • Assassinat du Cardinal Emile Biayenda
  • Disparition non élucidée de l’ancien président Alphonse Massamba-Débat
  • Exécutions arbitraires de citoyens pour faits religieux
  • Massacre d’Ikongono et exécution du capitaine Pierre Anga
  • Destruction de la région du Pool, qualifiée de « brûlée sans que le ciel ne tombe »
  • Tentative de substitution ethnique par l’introduction de populations étrangères dans le Pool pour « diluer et diversifier » une population jugée trop homogène
  • Prostitution des mineures encouragée par l’effondrement des valeurs et l’absence d’éducation
  • Mépris affiché pour la jeunesse congolaise, qualifiée de « vieilles femmes » à 18 ans
  • Violences faites aux femmes et aux enfants sans réaction de l’Etat
  • Train de vie ostentatoire du clan Sassou à l’étranger pendant que les fonctionnaires, retraités et étudiants sont privés de revenus
  • Déliquescence des services de base : hôpitaux, écoles, infrastructures.

Un pouvoir sans bilan mais avide de nouveaux mandats

Monsieur Sassou Nguesso aspire à un énième mandat. Mais pour faire quoi ? Ce qu’il n’a pas pu réaliser en 42 années d’un règne sanglant et stérile ? Nous avons pourtant proposé des alternatives : conférence internationale, table ronde, main tendue, compromis politique historique. Toutes ces voies raisonnables ont été rejetées sans ménagement par Monsieur Sassou Nguesso et son système, avec la complaisance d’une partie de la diaspora parisienne.

L’élection : un piège bien rodé

Je l’ai dit et je le répète : aller aux élections dans ce contexte, c’est faire de l’accompagnement. Même le Dieu Omniscient et Omnipotent ne pourrait les remporter face à un homme qui s’arroge le droit de brûler une région entière et de manipuler démographiquement sa population.

C’est une mascarade politique dans laquelle le peuple congolais ne veut plus être pris en otage. Le prétendu « dialogue » soutenu par la France ne sert qu’à maintenir un système aux abois. Nous n’en voulons pas.

Ce que nous réclamons, c’est une transition politique de cinq ans, seule solution viable pour refonder l’Etat et garantir à terme des élections crédibles.

Une France silencieuse face à l’indignité

Recevoir à nouveau Monsieur Sassou Nguesso sur le sol français, c’est exposer au monde le visage d’une France qui a trahi les principes qu’elle prétend incarner. C’est renouveler un soutien tacite à un régime qui tue, opprime et pille.

Cette réception provoque une indignation profonde chez les Congolais et tous ceux attachés aux valeurs de liberté et de justice.

Le Congo, un pays en ruine

Le Congo-Brazzaville est en faillite, non pas par manque de ressources, mais à cause d’une gouvernance prédatrice et corrompue. Le peuple est abandonné, les jeunes sacrifiés, les institutions en lambeaux. Les terres congolaises sont bradées, notamment, au Rwanda, sans consultation des populations locales.

Le clan Sassou s’est approprié l’Etat. La répression est sa seule réponse aux revendications légitimes. Les prisons politiques regorgent d’opposants comme le général Jean-Marie Michel Mokoko et Monsieur André Okombi Salissa. Leur détention arbitraire se prolonge dans un silence complice, notamment, lors de chaque visite officielle à Paris.

Une complicité qui entache l’image de la France

Les Congolais ne sont pas dupes. En recevant Sassou Nguesso, vous perpétuez une politique dont les peuples africains ne veulent plus. La déclaration de François Hollande en 2015, qui a ouvert la voie à la modification constitutionnelle, hante encore nos mémoires. Et aujourd’hui, vos services ne démentent même pas les propos de collaborateurs français de Sassou, allant jusqu’à justifier la répression par le nombre de morts.

Pour une rupture stratégique

Monsieur le Président, la politique africaine de la France est en échec. Le rejet se généralise, et la colère gronde. Il est temps de rompre avec les logiques de domination, de clientélisme et d’arrangements opaques. Il est temps de bâtir une relation nouvelle, fondée sur la vérité, le respect mutuel et le développement partagé.

Nous vous appelons à soutenir la désimmigration : permettre aux Africains de la diaspora de revenir construire leurs pays. L’Afrique a besoin de ses forces vives, de ses cerveaux, de ses bâtisseurs.

L’histoire vous jugera

Monsieur le Président, il est encore temps de vous ressaisir. Recevoir Denis Sassou Nguesso sans exiger la fin des arrestations arbitraires, des exécutions extra-judiciaires, et du pillage de l’Etat serait une faute politique et morale. Le Congo-Brazzaville a besoin d’un changement. La France a besoin d’une nouvelle vision pour l’Afrique. L’heure n’est plus à la diplomatie de connivence, mais, au courage politique.

Agissez, pour ne pas être complice de la tragédie congolaise.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.

Modeste Boukadia
Président du Cercle des Démocrates et Républicains du Congo

Président du C.D.R.C.

13 bis, avenue d’Aligre

F – 28 000 Chartres – France

Téléphone : +33 6 62 92 95 40

Courriel : modeste.boukadia@cdrc-cg.com

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