Le dormeur a pris goût à la vie de chef d’Etat. Arrivé à mi-chemin de son premier mandat, le dirigeant nigérian lorgne déjà sur une éventuelle prolongation de son bail, et ce malgré un bilan, pour le moins, calamiteux. En effet, qu’il s’agisse de l’économie, de la sécurité nationale, ou de l’emploi, tous les clignotants sont au rouge sous son administration. Les Nigérians en étant à se demander si l’immense fortune qu’il a accumulée est réellement le fruit de ses durs labeurs. 

Alors que plusieurs membres du parti présidentiel, All Progressives Congress (APC), se projetaient déjà dans l’élection présidentielle de 2027, car convaincus que la décadence du Nigeria depuis l’arrivée de leur leader actuel le pousserait à se retirer définitivement de toute activité politique une fois son terme présidentiel terminé, ils ont été surpris d’apprendre qu’il avait été désigné comme candidat unique par les hauts cadres du parti. Sacré Bola !

Il fut un temps où pareille décision aurait conduit à la formation d’une coalition entre les différents partis d’opposition nigérians, surtout, après les contre-performances que ne cessent d’engranger la mouvance au pouvoir dans sa gouvernance du pays. Fracturée et inexistante, cette opposition rend la tâche beaucoup trop facile à Bola Tinubu dont la réélection risque fort de passer comme une lettre à la poste. Alors que son bilan est calamiteux.

Preuve de son silence assourdissant. Le président sortant de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, a fait les frais des soutiens de Tinubu pour s’être dit déclaré prêt à servir son pays (le Nigéria) pour l’horizon 2027, et que le bien-être des Nigérians avait baissé sous les autorités actuelles. N’ayant affiché aucune véritable intention de devenir chef d’Etat, Akinwumi Adesina a tellement été attaqué qu’il a dû préciser qu’il ne se présenterait pas.

Pourtant, son parcours politique et les deux mandats successifs qu’il a effectués à la tête de la BAD en font un candidat crédible pour la magistrature suprême nigériane. En fin de mandat dans la plus grande institution financière africaine, il transmettra le témoin à son successeur, fin août, de cette année. De quoi lui permettre, ensuite, de se pencher, à tête reposée, sur la question du devenir de son pays sous un second mandat de Bola Tinubu.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)