Le secteur de l’électricité au Mali fait l’objet d’une forte mobilisation autour des autorités de la transition. Voulant adresser un aspect de la situation énergétique déficitaire dans laquelle se trouve son pays, le chef du gouvernement, Abdoulaye Maïga, avait promis, le 16 mai dernier, de réduire la durée des coupures, permettant une fourniture journalière d’électricité de 19 heures contre 6 auparavant. De quoi donner la possibilité aux Maliens de vaquer à leurs occupations.
A la fois audacieuse et ambitieuse, cette annonce du premier ministre avait suscité des doutes chez les plus sceptiques, impatients de voir comment le pouvoir de Bamako s’y prendrait pour accroître, à très court terme, l’offre nationale d’électricité, au vu des capacités de la Société nationale d’électricité (EDM), et des moyens limités de l’Etat. Mais, c’était sans compter sur le Fonds de soutien patriotique instauré par le chef de l’Etat, Assimi Goita (sur notre photo en train de mettre les épaulettes de général de division à son premier ministre Abdodulaye Maïga), en février dernier.
En quatre mois, cette mesure a permis de récolter 34.7 milliards de F CFA, dont 24 viennent d’être mis à la disposition du ministère de l’Eau et de l’Energie pour soutenir le secteur de l’électricité, en termes d’approvisionnements et de maintenance. Son timing ne pouvait pas être meilleur, puisqu’une grogne populaire commençait à se faire entendre dans certaines zones qui s’estimaient marginalisées dans la distribution d’énergie, du fait de l’aggravation des délestages.

Ce sentiment était d’ailleurs renforcé par le fait que même si virtuellement chaque Malien contribue au Fonds de soutien patriotique, au travers d’une taxe sur les transactions téléphoniques et financières prévue à cet effet, certains citoyens sont plus privilégiés que d’autres. Le déblocage des 24 milliards F CFA vient couper court à ce genre de palabres, le temps pour les projets de renforcement des capacités de production électrique du Mali d’arriver à leur pleine exécution.
Dès cet instant, le taux d’électrification national, qui n’était que de 50.56% en 2020, devrait bondir considérablement, et servir de moteur de croissance à l’économie malienne pour extirper les populations de la précarité et du manque. Ce genre de réalisation servira de trophée aux autorités militaires de Bamako, qui auront démontré par des actes leur volonté de développer leur nation, et la rapprocher de l’émergence.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)