Alors que certains médias annonçaient une rude bataille pour la tête de l’UNESCO, il n’y aura, finalement, même pas eu match entre Khaled el-Enany et Firmin Edouard Matoko. En effet, l’Egyptien a raflé environ 95% des suffrages, récoltant 55 voix contre 2 pour son adversaire congolais, sur un total de 58 membres. Un match à sens unique, sans grande surprise pour ceux qui avaient suivi de près la campagne des deux candidats.
Archi-favori dès le départ, après s’être assuré du soutien de poids lourds tels que l’Union africaine, la Ligue des pays arabes, ou encore, la France, Khaled el-Enany (notre photo) n’a pas laissé d’autres choix à ses deux rivaux, Gabriela Ramos et Firmin Edouard Matoko, que de constater son niveau avancé de préparation. C’est probablement ce qui a conduit la candidate mexicaine à jeter l’éponge en août dernier, laissant le candidat égyptien et congolais seuls dans l’arène.
Si l’issue de ce scrutin était déjà connue d’avance, c’est en partie à cause de Denis Sassou-Nguesso. Le dictateur congolais ne s’intéressa à la succession d’Audrey Azoulay à l’UNESCO qu’après la visite d’un émissaire venu le voir en mars dernier pour le compte de son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, afin de sécuriser le vote du Congo pour le candidat, el-Enany. Mais, en bon fourbe qu’il est, Sassou donna son accord à l’émissaire en question, tout en demandant à Matoko de compétir.

C’est de là que découle le manque de préparation auquel fut confronté le candidat congolais, qui, plus est, n’eut que 6 mois pour battre campagne, alors que de l’autre côté, el-Enany s’y prit environ deux ans en avance. En résumé, la défaite de Firmin Edouard Matoko était prévisible, tant sur le plan de la préparation, que sur celui de la morale, du fait de l’acte de fourberie posé par Sassou-Nguesso envers son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et qui ne pouvait mener à rien de bon.
Ainsi, dès le mois prochain, Khaled el-Enany prendra les rênes de l’entité onusienne au cours d’une cérémonie prévue en Ouzbékistan, et aura la responsabilité de la diriger pour les quatre années à venir. Le départ des Etats-Unis et les critiques liées à la gouvernance de l’organisation seront ses premiers défis à relever. Des dossiers que la Franco-Marocaine, Audrey Azoulay, est bien contente de laisser derrière elle.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)