Plus têtu que Rajoelina, tu meurs ! On entendait souvent cette critique venant des Malgaches, ce qui ne l’a pas fait changer, le président « têtu » n’en faisant qu’à sa tête. Aujourd’hui, caché quelque part dans le pays, après avoir quitté précipitamment le palais où sa vie était en danger, il dénonce ce dimanche une « tentative de prise illégale du pouvoir » en cours.
«La présidence de la République souhaite informer la nation et la communauté internationale qu’une tentative de prise du pouvoir illégale et par la force, contraire à la Constitution et aux principes démocratiques, est actuellement en cours sur le territoire national», a déclaré Andry Rajoelina dans un communiqué, ce dimanche, 12 octobre. La veille, un contingent de soldats s’est rallié aux dizaines de milliers de manifestants antigouvernementaux dans la capitale, Antananarivo, et a appelé les forces de défense et de sécurité à « refuser les ordres de tirer » sur la population. Les militaires ralliés ont condamné la répression policière récente. De plus en plus isolé, Andry Rajoelina de sa cachette a pu dénoncer ce ralliement alors qu’il est à l’origine du pourrissement de la situation.

Avant de quitter leur base militaire du district de Soanierana, à la périphérie d’Antananarivo, les soldats du CAPSAT (Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques), avaient appelé à la désobéissance. En 2009, cette base avait déjà mené une mutinerie lors du soulèvement populaire qui avait porté au pouvoir l’actuel président. Donc, ce qui se passe aujourd’hui est une répétition de ce qui était arrivé en 2009 quand le président homme d’affaires, Marc Ravalomanana, perdit le pouvoir. En effet, le 21 mars 2009, il fut contraint de transférer le pouvoir à un conseil militaire avant de s’exiler en Afrique du Sud voisine. Cinq jours après, Andry Rajoelina, s’était proclamé président de la République, avec le feu vert de l’armée. Aujourd’hui, Madagascar est en train de vivre la même situation.
La contestation est parti, il y a quelques semaines, par le Mouvement Gen Z pour protester contre les coupures d’eau et d’électricité. Ne trouvant aucune réponse à celle-ci, elle a fini par se muer en une remise en cause des responsables politiques au pouvoir, à commencer par le président, Andry Raojelina, lui-même. L’échec politique de ce dernier est patent, lui qui est arrivé au pouvoir en 2009 en trouvant les mêmes maux, les mêmes tares qui sont toujours dénoncés aujourd’hui.

Pour contourner la difficulté, Andry Rajoelina a limogé son premier ministre, Christian Ntsay, et tout son gouvernement, pour installer, à la place de chef de gouvernement, le général, Ruphin Zafisambo (notre photo). Pour ne pas être seul, il a rapidement nommé trois autres généraux comme ministres pour le seconder, la tâche devenant de plus en plus titanesque.
- Le Général de Division Deramasimanjaka Manantsoa Rakotoarivelo devient ministre des Forces armées
- Le Général de Corps d’Armée Rakotondrazaka Andriatsarafara Andriamitovy est conforté au poste de ministre délégué chargé de la Gendarmerie
- Le Contrôleur général de police Radriambelo Mandimbin’ny Aina Mbolanoro est nommé ministre de la Sécurité publique.
Mais avec l’entrée en scène d’une partie des forces armées, de la police et de la gendarmerie, qui soutiennent la manifestation, la donne change et depuis hier, même s’il ne le dit pas à haute voix, Andry Rajoelina sait ses jours désormais comptés comme président de Madagascar.