Ce 4 décembre, les chefs d’Etat de la RD Congo et du Rwanda, Félix Tshisekedi et Paul Kagame, seront à Washington DC pour parapher un accord de paix devant signifier la fin du conflit qui oppose leurs pays respectifs depuis si longtemps. Cet aboutissement est à porter au crédit du Qatar, dont l’intervention fortuite a permis de faire avancer les efforts de médiation pour un retour de la paix dans la zone des Grands Lacs. Mais, derrière les accolades diplomatiques liées à ce grand rendez-vous, demeure une certaine méfiance entre les belligérants.

Félix Tshisekedi sait que Paul Kagame n’est pas digne de confiance, et il a raison de penser ainsi, ce dernier continuant de nier son soutien, pourtant documenté, au M23. Il faut noter que le leader rdcongolais n’est pas le seul à s’en méfier, puisque son frère du Burundi, Evariste Ndayishimiye, connaît encore mieux le personnage. Depuis 2022, le président burundais soutient militairement les FARDC via la coopération de défense signée en septembre 2023. Cet appui s’est renforcé au fil du temps, les effectifs burundais se trouvant en RD Congo étant désormais d’au moins 10 000 personnes. 

Ce n’est donc pas pour aller en villégiature que le président, Evariste Ndayishimiye, sera dans la capitale américaine, Donald Trump ayant reconnu l’exceptionnalité de son aide fournie à Tshisekedi, au point de solliciter sa présence lors de la signature dudit accord. L’occasion s’annonce aussi idoine pour lui permettre de confronter directement un Paul Kagame devenu fuyant, et lui intimer de s’en tenir strictement à ses engagements pris. Contrairement à Tshisekedi, qui reste par dessus tout un civil, Evariste Ndayishimiye est un militaire de formation, général de son état, qui parle le même langage militaire que Kagame.

Après une année 2025 compliquée sur de nombreux aspects, il est peu probable que le dirigeant rwandais cherche à tenter le diable en paraphant un accord qu’il sait d’avance qu’il ne respectera pas. Mais, puisque le modèle économique de son pays repose essentiellement sur le pillage des ressources naturelles des voisins, et sur la violation de leur intégrité territoriale, il serait inconscient de le voir comme un risque zéro. La principale chose à faire pour la RDCongo serait d’en profiter pour renforcer les capacités et l’autonomie des FARDC en vue de tout nouveau conflit.   

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)