Pour le Portugal, la vengeance est un plat qui se mange froid. Piqué au vif par l’expulsion surprise, mi-août 2025, de trois de ses médias présents en Guinée-Bissau, sur instruction directe d’Umaro Sissoco Embalo, le gouvernement portugais a, aujourd’hui, les moyens de se faire justice. En effet, l’ancien narco-président bissau-guinéen, ayant quitté le pays après avoir été renversé le mois dernier, lorgnerait sur un exil doré sous le doux soleil de Lisbonne. Malheureusement pour lui, celle-ci n’a pas oublié ses provocations et vient de le prouver.
Selon la police judiciaire portugaise, 5 millions d’euros en espèces (près de 8 milliards de F CFA) ont été découverts sur un vol “militaire” venant de Marrakech (Maroc) où séjourne, actuellement, l’ex-narco-président. A bord de ce vol avait pris place l’ex-première dame, ainsi que, son bras droit, Tito Gomes Fernandes. Sans autre forme de procès, ce dernier a été mis aux arrêts en vue d’une comparution immédiate, à l’inverse de l’ex-première dame, Dinisia Reis Embalo. Laissée libre, dans un premier temps, elle a finalement été mise en examen, mardi, 17 décembre, pour contrebande et blanchiment de capitaux (sur notre photo, l’ex-couple présidentiel quand il était encore au pouvoir).
Parti préparer l’arrivée prochaine de son patron resté au Maroc, Tito Gomes Fernandes devra répondre de plusieurs chefs d’accusation dont celui du blanchiment d’argent. Il peut remercier l’ex-narco-président de l’avoir mis dans de sales draps.

Sous l’interminable mandat présidentiel de Umaro Sissoco Embalo, la prolifération des stupéfiants et autres drogues a été notable, permettant aux élites lui étant proches de se remplir les poches grâce à un système mafieux fabriqué sur mesure, alors qu’en parallèle, la Guinée-Bissau continuait de croupir dans une pauvreté et un sous-développement généralisé. Des griefs que refuse de reconnaître la très inutile CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) sauf quand il faut sauver un de ses dictateurs, en l’occurrence, le Béninois, Patrice Talon, qui aurait pu être responsable de ce qui devait lui arriver si le coup d’état contre lui avait réussi.
Pour des besoins de procédure judiciaire, il sera demandé à Tito Gomes Fernandes de justifier l’origine des fonds saisis …non déclarés. Mais, que ce soit en Guinée-Bissau ou au-delà, tout le monde sait bien quelle est leur source.

Avec son attitude inamicale de la fin d’été envers Lisbonne, les chances de voir Umaro Sissoco Embalo être accueilli à bras ouverts dans le cadre d’une demande d’asile étaient déjà faibles. Aujourd’hui qu’il est soupçonné d’avoir choisi le Portugal comme destination pour y blanchir les sommes d’argent faramineuses qu’il a obtenues dans une immoralité absolue, le voir fouler le sol portugais en toute liberté serait une insulte au droit international et au peuple bissau-guinéen pour lequel il n’a rien fait, si ce n’est d’aggraver ses maux sociaux.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)





