Cinq ans après s’être retirée du Bloc des 27, le Royaume-Uni admet son erreur. Bien que défendue par les Conservateurs, jadis au pouvoir, cette sortie n’a jamais convaincu les entrepreneurs britanniques, ni les Anglais dans leur ensemble, nostalgiques des avantages conférés par l’accès au marché unique de l’Union européenne (UE), perdus et jamais compensés. Pour les préparer à un éventuel (inéluctable) retour dans l’UE, Keir Starmer a choisi de tester le domaine des études supérieures.
Dès 2027, l’Angleterre va réintégrer Erasmus (sur notre photo, le premier ministre britannique avec la présidente de la Commission de l’Union européenne Ursula von der Leyen). Délaissé à l’époque par Boris Johnson qui doutait de ses bienfaits pour l’économie anglaise, ce programme devrait bénéficier à près de 100 000 étudiants anglais, moyennant une contribution de 570 millions de livres sterling pour la première année, à en croire les estimations du cabinet du premier ministre. Il confirme l’esprit de réformes observé dans l’enseignement supérieur anglais, sans résoudre les préoccupations des principaux acteurs.
En facilitant la mobilité estudiantine, Londres permet aux apprenants anglais d’effectuer une partie de leur cursus autre part en Europe dans l’espoir qu’ils acquièrent les compétences les plus recherchées pour les métiers de demain. Keir Starmer, qui a vu sa récente demande de participer à un programme stratégique de défense organisé par Bruxelles être conditionnée à un paiement élevé, prend les devants pour garantir la compétitivité des travailleurs britanniques des années à venir.
Si les jeunes universitaires anglais sont ravis de pouvoir flirter à nouveau dans le sillage de l’UE, ce n’est pas le cas de leurs établissements scolaires, qui ne devraient, quasiment, tirer aucun bénéfice de cette opération. Le gouffre de trésorerie causé par la politique anti-migratoire de Londres est un préjudice auquel elles continuent de faire face sans recevoir de solution de la part des autorités publiques. Pour survivre, certains d’entre eux devront revoir entièrement leur modèle, lequel a souvent été plus axé sur l’excellence que sur l’efficience.

Après l’annonce du retour dans le programme Erasmus, Starmer lorgne également d’autres rapprochements avec l’UE, notamment, sur les domaines de l’électricité et des émissions carbone etc…. C’est tout l’avenir politique de l’actuel locataire du 10 Downing Street qui se joue désormais, puisque depuis son arrivée, la situation socio-économique de son pays est en nette dégradation. Il est maintenant pour lui question de survie politique, même si cela nécessite qu’il prenne le risque de remettre sur la table la délicate problématique du Brexit.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)





