BONGO ONDIMBA ALI : Tout sauf lui !

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On l’a dit et redit : Bongo Ondimba Ali (BOA) n’a ni la classe ni le savoir-faire de son défunt père, le patriarche, Omar Bongo Ondimba. Après avoir utilisé le relationnel de ce dernier, en 2009, pour obtenir la bienveillance du président français de l’époque, Nicolas Sarkozy, qui fut un très grand ami de son père, son positionnement au sein du gouvernement, au ministère de la Défense où il avait refusé de démissionner (comme les autres ministres candidats, à savoir, Mba Obame André, Pierre Claver Maganga Moussavou, Casimir Oyé Mba ou le premier d’entre eux Jean Eyéghé Ndong), lui avait permis d’avoir la haute main sur la troupe, lors de son passage en force, à la présidentielle du 30 août 2009.

Sur le plan politique national, le président de l’Assemblée nationale de l’époque, Guy Nzouba Ndama, en symbiose avec la défunte patronne du Sénat et intérimaire au Palais du Bord de Mer, Rose Francine Rogombé, avait permis, au nom de l’intérêt supérieur du Gabon, de convaincre le maximum de députés et de sénateurs, afin que le Gabon (qui ne s’attendait pas au départ prématuré du patriarche), continue son chemin dans l’unité et la cohésion. Il faut, donc, dire que Guy Nzouba Ndama avait joué un rôle essentiel pour imposer le BOA alors qu’il avait en face de lui des candidats sérieux comme l’actuel premier ministre, Daniel Ona Ondo, le premier ministre de l’époque, Jean Eyéghé Ndong, l’ancien premier ministre, Casimir Oyé Mba, et quelques autres pointures bien connues dans le PDG. De tous, seul MOA (Mba Obame André) était allé jusqu’au bout de sa logique. En bon philosophe, Guy Nzouba Ndama avait bien travaillé pour le fils de celui qu’il aimait appeler « Le Patron ». D’autant plus que, avant de se faire coopter comme candidat du PDG, le BOA était, pratiquement, isolé dans son ministère de la Défense dont il était le titulaire depuis une dizaine d’années.

Autrement dit, pour le passage en force de BOA, en 2009, tout le monde avait, pratiquement, vibré au même diapason : la France officielle et françafricaine, le PDG grâce au travail de terrain de Guy Nzouba Ndama et quelques autres, ainsi que, les organes institutionnels (y compris la Cour constitutionnelle dont la présidente, en toute discrétion, avait joué le jeu au nom de la paix et la sécurité du Gabon), sans oublier les chefs d’Etat de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) dans leur ensemble. Pour ne rien cacher, Nicolas Sarkozy avait demandé à son très expérimenté homologue du Cameroun, Paul Biya, de veiller, de près, à ce que la transition et les élections ne dérapent pas au Gabon, ce pays qui était cher à tout le monde. Il sait pourquoi il avait chargé cette mission à celui que BOA appelle « Papa », sans, jamais, écouter ses (sages) conseils. Devant les chefs d’Etat de la sous-région, il n’en fait qu’à sa tête. Un comportement désinvolte qui a fini par les exaspérer. Conséquence : le Gabon, hier, pays central en Afrique, de par la clairvoyance de sa diplomatie et son rayonnement naturel, est devenu, aujourd’hui, un pays qu’on évite, soigneusement, à cause d’un héritier indigne et peu fréquentable.

Aujourd’hui, la déception est grande au Gabon et chez tous les amis de ce beau pays. La colère se lit sur tous les visages quand on prononce le nom du patriarche Ondimba. Les Gabonais avaient pensé confier le pouvoir à l’héritier de Bongo-Père, le patriarche bien aimé, mais, ils ont été, désagréablement, surpris de voir que c’est une clique d’étrangers qu’on appelle au PDG-Héritage et Modernité, les « profito-situationnistes », qui gèrent, réellement, le Gabon. Inconcevable du vivant du patriarche qui tenait, fermement, son pouvoir. Aujourd’hui, il faut le dire, car c’est, malheureusement, vrai, c’est le Béninois, Maixent Accrombessi (notre photo), directeur de cabinet de BOA, qui dirige, réellement, le pays. Il se vante, nuit et jour, que le (pauvre) BOA soit sous sa totale emprise. Dans le public comme dans le privé. Il en fait ce qu’il veut. Cela est vrai, et les Gabonais l’ont expérimenté : BOA peut dire oui pour une décision. Si Accrombessi y met son veto, rien ne se fera. Qu’on le veuille ou non, le Béninois est, incontestablement, le véritable président de la République gabonaise. L’Afrique, à ce niveau (et Xhosazana Dlamini-Zuma qui avait succédé à Jean Ping de la façon qu’on sait à la présidence de la Commission de l’Union africaine, devrait s’en réjouir), vient de faire un grand pas dans sa quête d’unité puisque c’est un Béninois qui dirige le Gabon. Qu’en pense le patriarche Ondimba de son lieu de repos éternel ?

Voilà qui énerve (bien) les Gabonais, y compris les militants du PDG, prêts, aujourd’hui, d’accepter la perte de leur pouvoir, en sacrifiant celui qui passe pour être leur candidat officiel, depuis sa déclaration de candidature improvisée en pleine forêt d’Ozouri. Déclaration faite devant le croassement des grenouilles et des margouillats, sans oublier les singes, qui sautant d’arbres en arbres, dans une fuite éperdue, pensaient être attaqués par ils ne savaient qui, dans leur milieu naturel.

C’est connu au Gabon, de Lewaï (chez le patriarche) à Kumasi (dans le Woleu Ntem) en passant par Koulamoutou (chez Nzouba Ndama), sans oublier les autres recoins du pays : Voter le BOA, en août 2016, c’est se taper le Béninois Accrombessi pour sept années supplémentaires (si jamais) le pays arrivait (ce n’est pas sûr) à préserver sa paix. Car avec les armes que le BOA et Accrombessi commandent en grandes quantités, ces derniers temps, pour livrer on ne sait quelle guerre aux Gabonais, il y a lieu d’être pessimiste. Après avoir subi tant d’humiliation au point où le Gabonais n’a plus grand chose de sa fierté d’antan, qui oserait encore voter le BOA, autrement dit, le Béninois, Maixent Accrombessi, comme président du Gabon ? Il faut avoir perdu l’usage de sa tête (comme c’est le cas pour le BOA) pour accepter de se faire avoir une deuxième fois.

Il y a, aussi, que les Gabonais seront vigilants, cette fois, dans l’examen du dossier de candidature de BOA. Si la Cour constitutionnelle s’amusait à valider, cette fois, son dossier de candidature avec cet acte de naissance qui fait tant de problème, le Gabon pourrait, facilement, basculer dans la violence et l’instabilité qu’on vient de connaître en Côte d’Ivoire. En effet, tous les Gabonais récitent l’article 10 de la constitution par cœur, celui-là même qui fait que le BOA, incapable de produire un test ADN pour taire les critiques, ne peut plus être candidat à une élection présidentielle au Gabon. Jamais plus ! Même en déclarant sa candidature devant les papes François et Benoît XVI réunis. Cet article 10 énonce : « Sont éligibles à la présidence de la République, tous les Gabonais des deux sexes jouissant de leurs droits civils et politiques, âgés de quarante (40) ans au moins et résidant au Gabon depuis 12 mois au moins.
Tout Gabonais bénéficiant d’une autre nationalité au titre de laquelle il a exercé des responsabilités politiques ou administratives dans un autre pays, ne peut se porter candidat.
Toute personne ayant acquis la nationalité gabonaise ne peut se présenter comme candidat à la présidence de la République. Seule sa descendance ayant demeuré sans discontinuité au Gabon le peut, à partir de la quatrième génération.
Si avant le scrutin, la Cour Constitutionnelle saisie dans les conditions prévues par la loi, constate le décès ou l’empêchement d’un candidat, elle prononce le report de l’élection.
La Cour Constitutionnelle peut proroger les délais prévus, conformément, à l’article 11 ci-après, sans que le scrutin puisse avoir lieu plus de trente cinq jours après la date de la décision de la Cour Constitutionnelle. Si l’application des dispositions du présent alinéa a pour effet de reporter l’élection à une date postérieure à l’expiration du mandat du président en exercice, celui-ci demeure en fonction jusqu’à l’élection de son successeur.
Les modalités d’application du présent article sont fixées par la loi organique) Fin de citation.

Les dignitaires du PDG et des autres partis gabonais qui refuseraient de prendre cet handicap du candidat en considération, savent qu’ils vont au devant des problèmes (insurmontables). Leur lâcheté se retournera demain contre eux. Le mieux pour le Gabon et toute la sous-région (qui vient de vivre de mauvais moments avec la guerre en Centrafrique), c’est que le BOA soit empêché de se présenter. Cela ferait l’économie d’une inutile crise. Cela écrit, les Anti-BOA savent ce qui reste à faire : rendre la gouvernance de BOA difficile (grèves, villes mortes, manifestations de rues, etc.) pour le pousser à la table de négociation (Dialogue) où devront se prendre les décisions qui vont sauver le Gabon.

En attendant le réveil des Anti-BOA (qui dorment encore sous leur couette), on se dirige vers une présidentielle où le mot d’ordre serait : « Tout sauf le BOA ». Alors que le réalisme et la justesse des choses demandent que BOA ne soit même pas candidat.

Mitoumba Mingondo Bobola
à Libreville

NB : Cet article est paru dans le numéro 436-437 d’Afrique Education, encore en vente, chez vos marchands de journaux, jusqu’à lundi soir.

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