GABON : Comment Jean Ping reprend l’initiative devant Bongo Ondimba Ali

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« Le Chinois » comme aimait l’appeler le patriarche pour le narguer, connaît la communauté internationale du bout des doigts. Il sait comment l’approcher, la manipuler. Issu de ses rangs, Jean Ping, on peut lui faire confiance, fera tout ce qui est possible pour retrouver son fauteuil, au Palais du Bord de Mer. Bongo Ondimba Ali (BOA), malgré sa course contre la montre actuelle, n’a qu’à bien se tenir : le plus dur est devant lui. Gouvernement « d’ouverture » ou pas, investiture précipitée ou pas (son mandat constitutionnel devait prendre fin le 15 octobre prochain), il pourrait mordre la poussière un de ces jours prochains.

Jean Ping fait savoir, tous les jours que Dieu fait à ses anciens collègues, de Paris, de Washington, de Bruxelles, de New York et d’Addis Abeba, que c’est eux qui l’ont poussé dans les emmerdes actuelles. « Il faut suivre le processus légal en déposant des recours à la Cour constitutionnelle », lui disait-on, au lieu de s’auto-proclamer vainqueur. Jean Ping a, religieusement, suivi ce conseil, en traînant les pieds, certes, mais, il a fait, exactement, ce que la communauté internationale lui demandait. Malheureusement, les faits lui ont donné raison. La communauté internationale a été déçue de la partialité du verdict de la Cour constitutionnelle présidée par la belle-ère de BOA. Comme quoi, l’état de droit au Gabon n’est qu’une affaire de famille sans plus. Aucune dignité chez les neuf juges de la Cour puisqu’après ce simulacre de verdict, personne d’entre eux n’a démissionné. Doit-on croire, comme l’avait colporté la rumeur, que des sacs de CFA, au demeurant, très lourds, avaient été convoyés du Palais du Bord de Mer auprès de ces indignes personnes dépourvues d’honneur ?

La communauté internationale est, donc, coincée. Avec une parole, sérieusement, dévaluée comme le F CFA de janvier 1994. A l’Elysée, il n’y a plus de Sarkozy pour répéter Abidjan mars 2011. A la Maison Blanche, va bientôt prendre sa retraite le plus nul des derniers présidents américains de ces trente dernières années : un donneur de leçons (pourtant descendant d’Afrique) qui a préféré conseiller aux Africains de devenir homosexuels que de respecter sa propre parole prononcée au Ghana : « l’Afrique a besoin d’institutions fortes et non d’hommes forts ».

Quant à Bruxelles, qui n’est qu’une force financière, et pas du tout, diplomatique, ni une puissance militaire, les mots durs, très durs, prononcés après le hold up de BOA, ne suffisent pas, encore, pour inverser le cours des événements. On en est là.

Mais après avoir traîné sa bosse, sur les 5 continents, trois décennies durant, Jean Ping doit avoir un tour dans son sac. Il sait bien que si Blaise Compaoré a été poussé vers la sortie, ce n’est pas le fait de la communauté internationale. Cette dernière n’est venue qu’après coup, soutenir l’oeuvre des partis politiques, de la société civile et des syndicats burkinabé.

L’essentiel, au Gabon, c’est de ne pas donner un seul petit instant de répit à BOA, avec le souci constant de le pousser à la faute, afin que ses forces de défense et de sécurité, fassent ce qu’elles raffolent le plus : matraquer, torturer, parfois, tuer et cacher les corps.

Jean Ping (sur notre photo avec quelques-uns de ses amis) a donné un calendrier des événements destinés à rendre ses partisans mobilisés. BOA, lui, met tous ses espoirs dans la formation d’un gouvernement « d’ouverture » espérant que celui-ci sera sa bouée de sauvetage. Il a tort de le penser. Il est même très probable qu’au regard de l’hostilité des Gabonais à son égard, les personnalités de l’opposition et de la société civile qui accepteraient d’y participer, risquent, tout simplement, d’être vomis par le peuple. Sans autre forme de procès.

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