Israël, on le sait, s’affiche comme un ami de l’Afrique. Les Juifs, à cause de l’Holocauste, se veulent, volontiers, proches des Africains qui, eux, ont subi l’esclavage et la colonisation. La ressemblance ne s’arrête pas là. Etat créé en mai 1948, Israël est aussi jeune que les pays africains dont la plupart ont obtenu l’indépendance dans les années 60. Mais quel écart, aujourd’hui, dans leur développement respectif. C’est tout simplement le jour et la nuit. A la limite, ça fait honte.
Desservi par son éternel conflit qui n’arrive pas à trouver de solution avec les pays arabes, Israël en a pâti, longtemps, dans sa diplomatie africaine. Il faut dire que les pays arabes (avec leur pétrole) donnent plus de cash.
Après plusieurs décennies de balbutiements, la percée diplomatique israélienne avait été effectuée en Afrique noire, avec, notamment, le rétablissement des relations diplomatiques entre Israël et le Cameroun, en août 1986. Le premier ministre, Shimon Peres, s’était, personnellement, rendu, à cet effet, à Yaoundé, un voyage qui avait coïncidé avec l’explosion du lac Nyos, dans la zone de Bamenda, suivie des émanations de gaz toxiques. Bilan : plus de 1.600 morts. Shimon Peres en profita pour faire des propositions de solutions dans le domaine du dégazage de ce lac et dans d’autres aspects de la coopération qui, depuis, a embrassé plusieurs secteurs de la vie nationale. Pas seulement dans la sécurité où Israël est présent depuis 1984, après le coup d’état des Pro-Ahidjo, qui faillit emporter le régime de Paul Biya.
Ayant appris la mort de cet ami du Cameroun, le chef de l’Etat camerounais a envoyé un message de condoléances au gouvernement israélien, et s’est fait représenter aux obsèques de Shimon Peres par le ministre des Affaires étrangères, Lejeune Mbella Mbella.
Deux chefs d’Etat africains y ont, également, participé : le président de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, dont l’épouse, Dominique Ouattara, entretient des liens très forts avec l’Etat d’Israël et la communauté juive dans son ensemble, et le président du Togo, Faure Gnassingbé, qui venait d’y effectuer une visite officielle de 4 jours, en août. Clou de son séjour en Israël en dehors de la redynamisation de la coopération entre Lomé et Tel Aviv, l’organisation, à Lomé, en 2017, du premier Sommet Israël-Afrique. L’Etat hébreu entend, donc, signer son grand retour sur le continent noir, au Togo, en 2017.
Considéré comme une colombe (contrairement aux dirigeants du Likoud qu’on désigne faucons), Shimon Peres du fait qu’il était travailliste (socialiste) bénéficiait des a priori favorables en Afrique. Son image passait plus facilement que celle des responsables de la droite pure et dure. C’est une légende que l’actuel premier ministre (du parti Likoud), Benyamin Netanyahou, s’emploie à gommer en se rapprochant de plus en plus des leaders africains. Il faut dire qu’il est aidé dans sa stratégie par la montée du fondamentalisme islamique, qui fait des ravages en Afrique et que Israël connaît, parfaitement, plus que quiconque, parce qu’il le combat, sans relâche, depuis de très longues années.