AES-UE : Quand l’indifférence entraîne une sanction

Date

Pour certaines personnes, un problème rapporté n’en est pas vraiment un tant qu’il ne les a pas encore directement touchés. C’est le cas de l’Union européenne (UE), aux abois depuis quelque temps, en raison du survol de drones au-dessus de plusieurs sites sensibles de ses Etats membres. Ne sachant pas précisément à qui imputer tous ces actes, elle a décidé de blâmer la Russie.

Depuis 2023, les pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) crient au scandale face au renforcement soudain des capacités des groupes rebelles à faire la guerre. Ces derniers seraient, désormais, en possession de drones et autres matériels “dernier cri” qui ont dopé leur potentiel de nuisance, au point d’obliger les dirigeants de l’AES à enquêter sur l’origine d’un tel changement.

Il ne leur a pas fallu longtemps pour soupçonner l’Ukraine. En difficulté malgré les centaines de milliards de dollars d’aide militaire reçus de ses alliés occidentaux, Kiev n’a pas réussi à résister face à la machine de guerre de Moscou sur son propre terrain. Du coup, elle a décidé d’aller l’affronter au Sahel, où les forces russes sont présentes pour lutter contre le terrorisme.    

Ayant ouvert plusieurs ambassades en Afrique depuis 2022, dont une à Nouakchott, officiellement, pour former des troupes mauritaniennes, l’Ukraine est accusée d’être, en réalité, devenue le principal soutien des djihadistes sahéliens. Produisant près de 90% de ses drones dans le cadre du conflit face à la Russie, elle apparaît ici comme le suspect idéal, disposant du meilleur mobile possible.

Malgré les incriminations et demandes répétées de l’AES, puis, de la Russie, aux pays européens de contraindre l’Ukraine de cesser toute forme de soutien aux groupes rebelles opérant au Sahel, le transfert d’armement se poursuit. Les plaintes des partenaires africains du Kremlin sonnant, à la limite, comme de la musique douce aux oreilles des leaders de l’UE. 

Désormais, l’AES doit surveiller son ciel.

Cette indifférence rattrape, aujourd’hui, le Bloc des 27, en particulier, la France, l’Allemagne, le Danemark, la Suède, la Lituanie, et la Pologne, chacun ayant été victime d’actes relevant de la sécurité intérieure. Toutefois, par la voix de son plus haut diplomate, le Kremlin a rejeté toutes les accusations de violation de souveraineté territoriale proférées à son encontre.

C’est maintenant au tour des juntes militaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger d’apprécier à distance la vue de la tourmente dans laquelle se trouvent les nations européennes, à cause des drones qui survolent leur espace aérien depuis le mois de septembre. Comme quoi l’indifférence aux problèmes des autres n’est jamais sans conséquence.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

Laisser un commentaire

×
×

Panier