Les Nigérians, les Tanzaniens, les Mozambicains, et les Ghanéens peuvent tous dire merci à l’administration de Bola Tinubu pour avoir torpillé un programme d’échange culturel lancé entre leur pays respectif et les villes japonaises de Kisarazu, Nagai, Imabari et Sanjo lors de la 9ème édition du Sommet Afrique-Japon. Annulé quelques temps après avoir été annoncé, il devait permettre le renforcement des liens entre l’Afrique et la nation nippone.
Tout part d’une publication sur le réseau social X, le 22 août dernier, par un haut responsable du ministère nigérian de l’Information prêtant au gouvernement japonais des propos sortis de leur contexte. En effet, Tokyo ayant désigné Kisarazu comme “terre d’accueil” des Nigérians, l’officiel en question a indiqué qu’un visa spécial serait créé pour la circonstance afin de permettre aux Nigérians d’aller s’y installer. L’aspect initialement culturel de l’initiative n’étant plus clair.
La nouvelle ayant pris d’assaut les réseaux sociaux, notamment, grâce au concours d’Elon Musk, les Japonais se sont, immédiatement, tournés vers leurs autorités pour exiger des explications. Au rebond, l’opposition, qui n’en demandait pas tant, a agité le spectre des flux migratoires africains pour attiser les braises de la xénophobie propre à la culture nippone, histoire d’accroître la pression sur un premier ministre, Shigeru Ishiba, déjà, en difficulté à cause des tarifs américains.

Ce qui a fonctionné puisque Tokyo a enterré cette initiative, pourtant, bénéfique pour toutes les parties. Le président de l’agence japonaise de coopération internationale, Tanaka Akihiko, a déclaré que le malentendu et la désinformation avaient eu raison du programme d’échange culturel. Les tentatives de clarification du ministère nigérian des Affaires étrangères n’auront pas pu rattraper l’énorme bourde du ministère de l’Information. Avec ça, Bola Tinubu pense-t-il mériter un second mandat ?
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)