AFRIQUE : Quand dette et éducation ne font plus bon ménage

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Dette et éducation ne font pas toujours bon ménage. On le voit dans les pays développés, oú l’acquisition de compétences de niveau supérieur en vue d’une meilleure insertion professionnelle requiert de disposer d’un budget colossal, un véritable blocage pour beaucoup d’étudiants, qui se retrouvent obligés de recourir à l’emprunt, comme alternative. Le cas de Barack Obama, qui ne parvint à effacer sa dette d’étudiant que quelques temps avant d’accéder au Sénat, illustrant toutes les difficultés qu’il y a à se débarrasser d’un tel poids financier.

Aux Etats-Unis, ce problème se ressent particulièrement du fait du coût exorbitant des frais scolaires, lesquels sont les plus élevés au monde. Des statistiques datant de septembre 2023 évaluaient le montant de la dette étudiante américaine à plus de 1.700 milliards de dollars. Un chiffre en constante hausse que l’administration démocrate tente, depuis, de réduire à coup de mesures d’allègement, mais continue de se heurter à une forte opposition des républicains. Ces derniers ayant d’ailleurs été confortés par un arrêt favorable de la Cour suprême l’été dernier.

Bien que les conséquences du non-remboursement de la dette par ces étudiants ne soient principalement limitées qu’à eux, elles posent néanmoins un frein en matière d’épanouissement social. Dans le cas des gouvernements, les enjeux sont bien plus significatifs, surtout lorsqu’un plan de développement devant mener à l’émergence est en cours d’implémentation. Dans un tel scénario, le service d’une dette qui a été contractée, s’il est lourd, complique considérablement l’allocation des ressources entre les différents postes sensibles de l’Etat.

En Afrique, notamment, les pouvoirs publics sont souvent critiqués pour le faible niveau de leurs dépenses d’éducation. Considérée comme étant la résultante d’un manque de volonté de leur part, cette insuffisance des investissements éducatifs trouve pourtant son origine autre part. En effet, d’après un rapport de l’ONU, une vingtaine de pays africains ont effectué des remboursements supérieurs à 10% de leurs recettes entre 2019 et 2021. Pire encore, sept d’entre eux ont mobilisé plus de ressources pour le service de la dette que pour l’éducation pendant ce lapse de temps.

La situation paradoxale de ces nations, que sont l’Angola, l’Egypte, le Gabon, la Zambie, l’Ouganda, le Malawi, et la Gambie, au même titre que celle de nombre de leurs voisins, dont les remboursements de la dette étaient, quant à eux, plus élevés que les fonds alloués aux dépenses de santé et aux investissements, devrait interpeller l’Union africaine, du haut de sa qualité de nouveau membre permanent, à se pencher sur ces dossiers pour une sensibilisation auprès des autres membres du G20, lors de leur rencontre de novembre prochain.

Car, si des mécanismes de soulagement ne sont pas vite trouvés, plusieurs autres nations africaines, comme le Kenya, qui s’efforcent de respecter leurs engagements, pourraient, à terme, devenir incapables d’exécuter leur budget d’éducation, ce qui serait désastreux pour l’Afrique, à un moment où son système éducatif se doit d’être fonctionnel pour tirer au mieux profit de la transition démographique, ainsi que, pour un rapprochement plus marqué vers l’émergence.

Idrissa Fofana

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