Malgré de beaux discours, l’Aide publique au développement (AID) ne fait que diminuer. L’Américain George Bush qui vient d’effectuer une tournée dans cinq pays africains en juillet, refuse toujours de s’engager sur un niveau d’aide qu’il dit » ne pas être sûr de respecter « . Au sein de l’Union européenne, les positions sont diamétralement opposées : entre les pays nordiques qui donnent plus de 1% de leur PIB et qui souhaitent que l’Union atteigne un niveau d’aide de 0,7% comme le demandent les Nations-Unies, et les récalcitrants dont le chef de file est l’Allemagne, suivie de près par le Portugal, l’Espagne et l’Italie, la voie est étroite pour définir un niveau d’aide convenable pour les pays en voie de développement d’Afrique.
En France, pays où on parle beaucoup de générosité et où on donne de moins en moins, l’heure est plutôt à la recherche des économies pour combler les déficits.
Pourtant, l’attitude des pays occidentaux à l’endroit de l’Afrique est choquante. Alors que cette dernière ne reçoit que des miettes qui s’amenuisent au fil des ans, elle fait de plus en plus l’objet d’ingérence manifeste de ces pays. Beaucoup d’exemples le montrent. Prenons deux cas choisis au hasard, à la lumière de l’actualité immédiate.
D’abord, le Zimbabwe de Robert Mugabe. Lors du Sommet de l’OUA tenu à Lusaka en juillet 2001, les chefs d’Etat et de gouvernement avaient, à la demande de la Libye, adopté une résolution visant à soutenir la politique de redistribution des terres de Robert Mugabe. Il s’agissait d’un problème de bon sens et de justice sociale qui permettait aux Zimbabwéens blancs dont certains disposaient de dizaines d’hectares de terrain parfois inexploités de s’en séparer en partie, moyennant une rémunération conséquente, au profit de leurs compatriotes noirs sans terre. Si on pouvait reprocher une chose à Mugabe, c’était de n’avoir pas pu régler ce délicat problème pendant les années de prospérité de son régime : il avait tout à fait raison d’attribuer des terres aux Zimbabwéens qui en avaient besoin, même si le premier ministre Tony Blair, pour des raisons politiques, refusait de financer cette opération comme la Grande Bretagne s’y était engagée dans le cadre des Accords de Lancaster House. Mais de là à monter une opération de déstabilisation visant à faire perdre des élections à Mugabe parce que Londres ne voulait plus de cette réforme, il n’y avait qu’un pas que Tony Blair (comme il vient de faire montre dans le dossier irakien avec Saddam Hussein) avait vite franchi au niveau de l’Union européenne et de son allié américain. Ayant cherché à faire exclure le Zimbabwe du Commonwealth avec le discret soutien d’une Australie aux ordres du gouvernement de Sa Majesté La Reine d’Angleterre, tous les chefs d’Etat et de gouvernement africains ont fait bloc derrière leur homologue.. N’est-ce pas là une forme d’ingérence inacceptable que Tony Blair lui-même ne saurait tolérer dans sa Grande-Bretagne natale ?
Le deuxième exemple a trait au NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique). A l’origine, ce Plan s’appelait NIA (Nouvelle initiative africaine), œuvre collective des présidents sud-africain Thabo Mbeki, nigérian Olusegun Obasanjo, sénégalais Abdoulaye Wade et algérien Abdelaziz Bouteflika. Présentée au Sommet de Gênes en Italie pendant l’été 2001, la NIA n’a obtenu aucun financement outre même le fait qu’elle a dû changer d’appellation à la demande des pays membres du G 8. Au lieu d’une initiative – totalement – africaine, nous avons aujourd’hui un Plan élaboré – en partenariat – avec les pays du G 8, d’où le sigle NEPAD avec le P qui signifie » Partenariat « . Mais malgré leur entrée en force dans ce Plan, les pays du G 8 n’ont toujours rien donné. Plus grave, tout laisse penser qu’ils y ont adhéré pour mieux l’étouffer et le tuer dans l’œuf. Trois années après son lancement, les chefs d’Etat africains continuent de tourner en rond avec leur Plan au grand désespoir de leurs peuples qui croyaient que le continent tenait là enfin, un outil susceptible de favoriser son épanouissement dans tous les domaines. Erreur monumentale ! Il ne suffit plus d’être un oiseau de mauvais augure pour pronostiquer l’échec retentissant de ce fameux NEPAD car ses données du départ ont volontairement été faussées au grand bonheur des ennemis de l’Afrique.
Voilà où mène l’ingérence que subit le continent noir. L’Afrique, répétons-le, est pauvre (de son immense richesse notamment dans le sous-sol que les multinationales exploitent à vil prix) parce qu’elle ne tient pas son destin en main. Ce sont les pays occidentaux, notamment du G 8, qui lui imposent leurs vues avant de les lui faire avaliser comme s’il s’agissait de ses propres choix. Les pays occidentaux refusent que le continent soit maître de ses décisions en politique, en économie, en éducation, en santé et même dans les affaires sportives. Voilà pourquoi cette partie du monde ne fait que régresser.
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