AFRIQUE ZONE CFA : Baisse de l’euro, une dévaluation de fait ?

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Malick Noël Seck, Parti Momsarew (Sénégal)

Depuis quelques mois, nous assistons à une baisse spectaculaire de l’EURO qui a des impacts considérables sur notre économie soumise au F CFA. En Janvier 2014, un euro valait 1,349 dollar. Au 16 janvier 2015, un euro vaut 1,158 dollar. Ce qui équivaut à une baisse de 14% de l’euro en une année. L’euro a une parité fixe par rapport au F CFA soit un EURO pour 655,957 F CFA. Toute variation de l’EURO par rapport aux autres devises est automatiquement subie par le FCFA. Par conséquent, pour avoir un dollar en Janvier 2014, il fallait 486 F CFA alors qu’au Janvier 2015, nous devons débourser 566 F CFA pour avoir un dollar. Cette forte variation monétaire subie est carrément une dévaluation déguisée. Elle remet en cause toutes les hypothèses des programmes macro-économiques de notre pays. Ce qui est très grave, lorsque nous prenons en compte le manque de pertinence de ces programmes sur tout avec notre dépendance et exposition vis-à-vis l’extérieur.

Le graphique suivant montre la baisse de la parité de l’Euro par rapport au dollar entre le mois d’août 2014 au janvier 2015.

L’euro baisse parce que, la Banque centrale européenne a décidé de faire tourner la planche à billets (création d’argent, connue sous le nom de « Quantitative Easing ». Le Quantitative Easing vise à racheter une partie de la dette des Etats de l’Union Européenne et de relancer la demande pour lutter contre la déflation (baisse des prix) notamment en Allemagne. Cette baisse de l’EURO est aussi une formidable opportunité pour la France pour gagner des gains de compétitivité, réduire son déficit commercial et relancer sa croissance.

Nous subissons, ainsi, une dévaluation déguisée du F CFA comme un dégât collatéral des décisions des autorités de la Banque centrale européenne et françaises alors que nous sommes tenus à une solidarité monétaire commune. Notre pays qui a peu d’opportunités d’exportation est largement dépendant des importations surtout des denrées de première nécessité avec un service de notre dette libellé en dollars va subir les conséquences avec une hausse des prix. Cette baisse de l’EURO remet en cause des hypothèses de nos politiques économiques comme le Plan Sénégal Emergent, déjà si mal articulé. Nous saisissons cette occasion pour rappeler à nos citoyens, partis politiques et membres de la société civile de l’importance de poser avec sérénité sans tabou la question des pièges qui lie nos pays avec le F CFA. Cette question est cruciale si nous voulons mener de vraies politiques de développement autonome en toute souveraineté.

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