AIDE AU DEVELOPPEMENT : Baisse du budget français 2019 pour punir les « femmes à sept ou huit enfants » ?

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Ce n’est pas afriqueeducation.com qui le dit sinon il serait accusé d’avoir une langue fourchue. Nous reprenons juste un communiqué de la Coordination SUD parvenu, ce mercredi, 24 octobre, matin, à notre rédaction. Rappelons que la Coordination SUD rassemble 169 ONG de solidarité internationale. Ce sont, donc, des spécialistes de la pauvreté africaine, qui se plaignent du double langage du banquier de l’Elysée. Accusé de ponctionner les plus pauvres pour arrondir les fins de mois des riches, le jeune président français vient, une fois de plus, de frapper : 850 millions d’euros venant des transactions financières vont manquer, en 2019, dans le budget que la France allouera à la solidarité internationale.

Les députés ont voté, mardi, 23 octobre, la première partie du projet de Loi de finances. Par son vote, l’Assemblée nationale a entériné la copie du gouvernement diminuant l’affectation de la taxe sur les transactions financières à la solidarité internationale à 32 %. Un recul historique sur cette taxe mise en place en 2012, à contrepied des avancées obtenues par le Parlement ces dernières années. Il met à mal le leadership de la France en matière de lutte contre la pauvreté, les inégalités et les changements climatiques.

 Coordination SUD publie, d’ailleurs, son rapport d’analyse du projet de loi de finances 2019 dans lequel elle rappelle la nécessité de porter l’affectation de la taxe sur les transactions financières à 100 % pour la solidarité internationale. Elle exprime sa consternation après le vote des députés qui acte un recul de l’affectation à la solidarité internationale de cette taxe à 32 % contre 50 % sur le précédent budget, conformément, au projet de budget du gouvernement.

« Après les beaux discours, la concrétisation budgétaire des engagements présidentiels n’en est que plus incertaine. 850 millions d’euros supplémentaires auraient pourtant pu être dégagés en affectant la totalité de la taxe sur les transactions financières à la lutte contre la pauvreté, les inégalités et les changements climatiques dès 2019. La France longtemps pionnière en matière de financements innovants a un rôle à jouer. Cela va à l’encontre des avancées obtenues par le Parlement ces dernières années », note, dépité, Philippe Jahshan, président de Coordination SUD.

Emmanuel Macron (qui fait ce qu’il dit et dit ce qu’il fait) avait, pourtant, promis une augmentation régulière de l’aide au développement pendant son quinquennat, jusqu’à ce que celle-ci atteigne les standards onusiens. Mais, après avoir critiqué les femmes africaines qui accouchent « sept à huit enfants » qu’elles seraient incapables d’élever, serait-il en train de changer de fusil d’épaule ?

Dans quelle circonstance le président français (dit Jupiter) avait-il pu prononcer une telle énormité ? Au cours d’une conférence de presse au Sommet du G20 à Hambourg en Allemagne, en 2017, il avait déclaré (urbi et orbi) que l’Afrique était confrontée à un problème civilisationnel et démographique (grave) : « Le défi de l’Afrique, c’est totalement différent, c’est beaucoup plus profond, c’est civilisationnel, aujourd’hui ».

Et le professeur en sciences de développement africain de poursuivre sur sa belle lancée : « Quels sont les problèmes en Afrique ? Les Etats faillis, les transitions démocratiques complexes, la transition démographique qui est, je l’ai rappelé ce matin, l’un des défis essentiels de l’Afrique ».

Et Jupiter en plein ciel de lâcher sa bombe sur le désertique continent africain : « Quand des pays, aujourd’hui, ont encore 7 à 8 enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser plusieurs milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien » (fin de citation).

En Afrique, nous condamnons, fermement, son propos et cette façon d’aborder nos problèmes. Que Macron se taise s’il n’a plus rien à dire sur l’Afrique. Qu’il garde son confort de banquier d’affaire et l’Afrique ne s’en portera pas plus mal. On ne l’attend pas pour vivre ni à Niamey ni à Bujumbura ni nulle part en Afrique.

Hasard du calendrier, le président de Guinée, Alpha Condé, quelques jours avant la sortie de son homologue français, avait pris son contre-pied à N’Djamena, en saluant, plutôt, le peuplement du continent. Il l’avait dit à l’occasion du Forum panafricain de la jeunesse au Tchad en réponse à une phrase du ministre de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs, Youssouf Abassalah.

Pour le président guinéen (à l’époque) président en exercice de l’Union africaine, « Evitons les choses qu’on nous plaque. Quand vous parlez de démographie galopante c’est du malthusianisme, c’est contre l’Afrique. Aujourd’hui, les autres continents nous envient notre démographie parce que ce sont des peuples vieillissants. Notre jeunesse est notre avantage. Donc, nous devons nous approprier notre propre langage en fonction de ce que nous voulons pour l’Afrique ».

Alpha Condé (sur notre photo à l’Elysée avec Emmanuel Macron) sait très bien de quoi il parle : pour que tout le monde comprenne bien, voici la réalité européenne qui attriste jusqu’au Vatican, le Très Saint-Père François :

Angela Merkel, chancelière d’Allemagne : mariée 0 enfant.
Theresa May, première ministre britannique : mariée 0 enfant.
Paola Gentiloni, premier ministre italien : marié 0 enfant.
Mark Rutte, premier ministre néerlandais : marié 0 enfant.
Stefan Löfven, premier ministre suédois : marié 0 enfant.
Xavier Bettel, premier ministre luxembourgeois : marié 0 enfant.
Nicola Sturgeon, premier ministre écossais : marié 0 enfant.
Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne : marié 0 enfant.
Emmanuel Macron, chef de l’Etat français : marié 0 enfant.

Dans certains milieux africains, on n’hésite plus à se poser la question de savoir si ce n’est pas une secte qui dirige, désormais, l’Europe ?

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