Toujours opposée dans son bras de fer avec la Russie, l’Union européenne (UE) s’apprête à commettre l’irréparable en utilisant les avoirs gelés russes pour aider une Ukraine en difficulté croissante. Depuis des années, elle entretient cette obsession, qui confirme l’inefficacité des 19 lots de sanctions déjà appliquées depuis 2022.
Les dirigeants chinois et indien, XI Jinping et Narendra Modi, en savent quelque chose. Tout comme une bonne partie de leurs homologues de l’UE, qui n’ont jamais cessé de se ravitailler en gaz russe, et ne comptent pas le faire d’aussitôt. La Hongrie et la Slovaquie étant les seules nations européennes à assumer pleinement leur position pro-russe.
Selon la Banque centrale russe, la valeur de ses avoirs gelés va de 300 à 350 milliards de dollars. Ils seraient constitués de bons du trésor, devises étrangères et autres titres. Ayant déjà eu recours aux intérêts générés par les avoirs russes présents dans l’UE, les alliés de l’Ukraine veulent, maintenant, s’attaquer au principal détenu par l’entité belge, Euroclear, soit 194 milliards d’euros.
Interrogée en mars sur la légalité de cette mesure, Christine Lagarde, la patronne de la Banque centrale européenne (BCE), avait averti contre toute action pouvant entraîner des conséquences néfastes pour le système financier international. Le plus gros risque pour l’UE étant de renvoyer l’idée selon des décisions politiques pourraient l’emporter sur des décisions judiciaires.

Un tel précédent ne serait pas seulement dangereux du point de vue de l’attractivité de la zone euro en termes d’investissements, mais il signalerait aussi aux entités qui en détiennent actuellement dans l’UE de les transférer immédiatement vers des régions du monde où la séparation des pouvoirs n’est pas débattable, tels que les Etats-Unis d’Amérique.
Il est temps pour les leaders de l’UE de revenir à la raison. Si l’économie du Bloc des 27 est aujourd’hui à l’agonie, c’est à cause de leur gestion du conflit russo-ukrainien. A vouloir poursuivre le bras de fer avec Vladimir Poutine, ils risquent de détruire totalement la zone euro, qui ne survivra pas aux répercussions d’un scandale lié à l’utilisation des avoirs gelés russes.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)