Depuis quelques heures, on entend le crépitement des armes lourdes et légères dans la ville de Cotonou, qui abrite le Palais de la Marina (présidence de la République). Après avoir quadrillé la ville, les militaires (et non les djihadistes) qui en sont à l’origine ont commencé à annoncer dans certains médias locaux de l’effectivité du coup d’état en appelant la population à rester calme.
Patrice Talon, le président béninois qui emmerde tout le monde, est particulièrement visé. Lui qui voulait quitter le pouvoir, en avril 2026, sans réellement partir (sur notre photo, Patrice Talon avec son futur candidat et actuel ministre de l’Economie et des Finances Romuald Wadagni qui devait lui succéder). Ces derniers temps, il a perturbé le jeu politique comme on ne l’a jamais vu, auparavant, dans ce beau pays, berceau de la démocratie africaine que d’aucuns surnomment « le quartier latin » de la démocratie et de l’intelligentsia africaines.
Patrice Talon est arrivé au pouvoir, en avril 2016, après avoir annoncé qu’il ferait un seul mandat de six ans. Le temps de faire des réformes (que son prédécesseur Yayi Boni avait été incapable de faire), soutenait-il, avant de laisser la place pour retrouver ses affaires (car il est un homme d’affaires prospère dans le civil). Mais après ce premier mandat, l’appétit venant en mangeant, il s’est à nouveau présenté. Pour éviter toute contestation pendant la campagne présidentielle, il a pris le soin de mettre en prison quelques candidats de l’opposition qui pouvaient lui tenir tête. Beaucoup sont encore en prison dont une ancienne ministre de Yayi Boni et ancienne conseillère spéciale du président du Conseil, Faure Gnassingbé du Togo. Talon a refusé toute médiation dans cette affaire.

Il n’a pas succombé à la tentation d’un troisième mandat comme le lui proposaient ses partisans, mais, il a confirmé, autrement, son goût pour le pouvoir. En effet, il a imposé son jeune ministre des Finances que personne ne connaissait avant et qu’il était parti chercher en Europe, Romuald Wadagni (49 ans), pour lui succéder, sachant qu’après cinq ans, il reviendrait à la tête du pays, exactement comme Vladimir Poutine avait fait avec Dmitri Medvedev. En même temps, son prédécesseur, Yayi Boni, n’a pu présenter un candidat de son parti à cause des manœuvres fallacieuses de Talon. Du coup, la route était tracée pour le plébiscite de Romuald Wadagni. Sauf que l’armée n’a pas accepté que le Bénin soit ainsi ridiculisé et a mis tout le monde d’accord en s’emparent du pouvoir.
Voici l’annonce de l’ambassade de France au Bénin à l’endroit des Français sur place dans le pays :
« Chers compatriotes,
Des coups de feu ont été signalés à Camp Guezo, à proximité du domicile du président de la République, Mr Patrice Talon. Par mesure de sécurité, nous vous invitons à rester à votre domicile jusqu’à nouvel ordre, le temps que la situation soit pleinement clarifiée. Nous vous recommandons de suivre régulièrement les informations et de rester attentifs aux communications officielles dans les prochaines heures. Merci pour votre vigilance et votre coopération. » (fin du communiqué).
(Correspondance particulière
depuis Cotonou).





