BILL GATES : APRÈS LA MAFIA DANS L’INFORMATIQUE, LA MAFIA DES TERRES ?

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Le milliardaire américain, co-fondateur de Microsoft, investit massivement dans des terres agricoles aux Etats-Unis. En dix ans, il est devenu le plus gros fermier privé du pays. Mais, « sa » production n’est pas vraiment bonne pour la santé, ni pour l’environnement.

Qui est le plus gros fermier privé des États-Unis ? Attention surprise… C’est Bill Gates (et son ex-femme Melinda), le co-fondateur de Microsoft ! En janvier, le couple de milliardaires possédait près de 110 000 hectares de terres agricoles, dans dix-huit Etats américains, selon les magazines spécialisés, The Land Report et Agri Investor. Egalité avec la reine d’Angleterre.

Mais si le domaine de la Couronne britannique se distingue par la diversité de ses 780 exploitations et une part importante de forêts (13 700 ha), les terres du fortuné de l’informatique, chantre de la santé planétaire, elles, alimentent plutôt les menus de la chaîne McDonald, en oignons, carottes et pommes de terre, a assuré début juin la chaîne NBC News, images à l’appui sur de « gigantesques champs dédiés aux frites, visibles depuis l’espace​.

Les terres agricoles ont été achetées par une constellation de vingt-deux entreprises, liées au groupe d’investissements du couple Gates, Cascade Investments. Il s’agit de business, pas de philanthropie : 141 millions d’euros déboursés en 2018 pour les 5 800 ha de la célèbre ferme aux 100 Cercles – les fameuses patates visibles depuis l’espace à la frontière de l’Oregon et Washington -, soit 24 310 € l’hectare, certes tout équipé.

Bill Gates et Moussa Faki Mahamat en 2019 à l’Union africaine

A ce prix-là, la profession ne peut pas suivre, dénonce une coalition de jeunes agriculteurs. Bill Gates a aussi sur le dos les organisations environnementales, ulcérées de voir le « bienfaiteur » de l’humanité, à la fois, « défendre » l’agroécologie paysanne en Afrique (continent qu’il pollue d’OGM) et investir 23 millions de dollars dans 500 000 actions Monsanto​, dénonçait déjà le vénérable Sierra Club, en 2010. Sous la pression, l’auteur du récent livre Climat : Comment éviter le désastre ? avait tout revendu l’année suivante.

Pour contrer Bill Gates et les 2 % de fonds étrangers qui possèdent les sols cultivables américains, agriculteurs et ONG misent sur la future Farm Bill, l’équivalent de la Politique agricole commune des Européens, du président Joe Biden. Elle est attendue pour 2022 et doit protéger les petites et moyennes exploitations ​et renforcer les moyens alloués pour protéger la nature et inclure des aides pour la séquestration du carbone​.

Si ces mesures passent, les fermes de Bill Gates devraient recevoir moins d’aides que celles de la famille royale britannique : 211 000 € en 2009, pour mémoire.

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