Déjà, en son temps, le gouvernement de transition, en 2015, avait fait adopter une loi anti-corruption qui punissait les fonctionnaires du Burkina Faso jusqu’à 20 ans d’emprisonnement, pour les crimes économiques, qu’ils auraient pu commettre dans l’exercice de leurs fonctions. Le nouveau pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré, renforce, aujourd’hui, ce dispositif. En effet, les fonctionnaires ne doivent plus accepter des cadeaux dont la valeur excède 35.000 F CFA (53 euros), selon un décret pris, en conseil des ministres, mercredi, 27 avril 2016.
Preuve que le président ne badine pas avec l’enrichissement illicite, son ministre de la Justice est, lui-même, monté au créneau pour détailler cette mesure : « Si un agent reçoit un cadeau, un don et quelques autres avantages en nature de plus de 35.000 F CFA, il tombe sous le coup de la loi », vient de préciser à la presse le ministre de la Justice, René Bagoro, rappelant les termes de ce décret.
Ce n’est pas tout. Un autre décret statuant sur les « délits d’apparence » permet de confondre une personne au train de vie injustifiable. Il prévoit qu’au-delà d’un certain seuil, un agent public est tenu de rendre des comptes sur l’augmentation de son train de vie, sous peine de sanction.
« Si ce que vous avez comme avoir dépasse 5% de ce que vous devez posséder, vous tombez sous le coup de la loi sur le délit d’apparence », a indiqué M. Bagoro.
Ces décrets ont été pris en application de la loi anti-corruption votée par le Conseil national de la transition (CNT), mis en place après la chute du président Blaise Compaoré. Depuis hier, les Burkinabé applaudissent des deux mains.
La loi anti-corruption criminalise les délits d’apparence et interdit les cadeaux aux agents de l’Etat. Il faudra que ministres, directeurs généraux de société, hauts fonctionnaires, chefs de service et de bureaux, fonctionnaires et agents de l’Etat tout court, arrêtent de « brouter l’herbe où ils sont attachés » comme des chèvres. Ce serait le retour à l’éthique au Burkina Faso, le pays des hommes intègres que voulait instaurer le capitaine Thomas Sankara.
Cette loi oblige, également, le chef de l’Etat, les membres du gouvernement, les députés, les maires, la haute hiérarchie militaire et tout haut fonctionnaire à faire la déclaration de leurs biens « 30 jours » après leur entrée et fin de fonction.
Le président, Roch Marc Christian Kaboré (notre photo), élu en novembre 2015, a fait de la lutte contre la corruption une priorité. Deux semaines après son investiture, il a rendu publique la liste de son patrimoine, comme l’avait rapporté afriqueeducation.com, vendredi, 15 janvier 2016, à 17h54 : « Burkina Faso : Le président Roch Marc Christian Kaboré publie la liste de ses biens ».
Depuis cette date, on attend, toujours, et encore, que les autres dignitaires du Faso publient, eux aussi, la liste de leurs biens.