BURKINA FASO : L’UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU A L’HEURE DE LA REFONDATION

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Après une invalidation de l’année 1999-2000 pour cause de troubles, l’Université de Ouagadougou remet le cap sur l’excellence. Avec à la clef, un programme très ambitieux défini fin novembre 2000, après une large concertation : la refondation de l’Université.

Après avoir été une université jeune mais dynamique avec une cote incontestée au niveau de la sous-région ouest-africaine où les universités, plus anciennes, ont habitué l’opinion à l’indiscipline, à des grèves intempestives plus ou moins longues selon l’humeur des étudiants, et parfois, des enseignants, l’Université de Ouagadougou, le « bon élève », a fini, à son tour, par connaître des troubles allant jusqu’à entraîner l’invalidation de l’année académique 1999-2000. Une année universitaire invalidée à Ouagadougou ? Chose impensable il y a seulement cinq ans quand cette université damait vertement le pion à ces aînées de Côte d’Ivoire et du Sénégal.

Sans prendre une telle situation comme une sorte de fatalité, le président de la République, Blaise Compaoré, lui-même, a sonné la fin de la récréation, en demandant une réaction prompte et adéquate à une situation qui portait atteinte à l’image sympathique qu’on a de cette université à l’étranger. Appelé pour éteindre le feu, le nouveau ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique, le professeur Laya Sawadogo, et le nouveau chancelier (et ancien recteur qu’on peut qualifier de « père » de l’Université de Ougadougou moderne), le professeur Alfred Traoré, se sont immédiatement mis au travail. Non sans mal. C’est ainsi qu’ils ont réussi l’organisation d’une sorte d’états généraux de l’enseignement du 2 au 10 novembre 2000. Quand le professeur Laya Sawadogo parle d’un « événement inédit dans l’histoire de l’enseignement supérieur du pays », dans la préface du document intitulé « La réforme de l’Université de Ouagadougou » qui en est sorti, il ne s’agit nullement d’un abus de langage, ni d’une attitude qui consiste à se jeter les fleurs : une réflexion collective, conduite par un groupe de penseurs, sous la houlette d’un gouvernement soucieux de l’avenir de son pays, a fait le point, sans complaisance. Syndicalistes enseignants et étudiants, hommes politiques, administrateurs du système universitaire, hommes de l’entreprise, bailleurs de fonds et partenaires au développement, enseignants et chercheurs non syndiqués, etc., se regardant les yeux dans les yeux, ont tracé les nouvelles voies pour leur université, avec comme objectif que souligne bien le ministre Sawadogo : « l’indispensable nécessité de la formation du jeune burkinabè face à l’ère de la mondialisation et aux défis du 21e siècle ». En quelques mots, en quoi consiste cette problématique de la refondation ?

Elle a été entreprise dans le souci d’améliorer les rendements interne et externe du système, et d’accroître l’utilité globale de l’université dans un contexte marqué par une crise économique et sociale majeure. Pour ce faire, tous les constats fondamentaux dûment établis ont constitué les points critiques dans la mise en place de la réforme.

C’est ainsi qu’il a été mis en place 6 Unités de formation et de recherche et l’Institut burkinabè des arts et métiers, ce qui ouvre de nouveaux espaces de formation et de nouvelles perspectives académiques et professionnelles à la jeunesse. Quelques principes directeurs sous-tendent cette réforme : égalité d’accès pour tous les burkinabè, participation des différents partenaires à la gestion et au financement de l’institution, offre d’éducation par le développement d’une politique d’accroissement de l’accueil des étudiants (système intra et extra muros, projet des universités régionales, renforcemnt d’un enseignement supérieur privé), recherche de la pluridisciplinarité et de l’interdisciplinarité, ouverture de l’université à l’environnement local, régional, national et international, conduite d’une recherche utilitaire au service de la cité, autonomie la plus large possible sur le plan académique et celui de la gestion, utilisation rationnelle et optimale des infrastructures existantes et des moyens disponibles, dynamisation de la coopération interuniversitaie et internationale.

Du reste, le chancelier Alfred S. Traoré s’en explique longuement dans une interview à Afrique Education.

Idrissa Fofana

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