A la demande du président, Pierre Nkurunziza, la justice burundaise a ordonné la saisie des biens notamment immobiliers d’une trentaine d’opposants en exil et de neuf militaires condamnés à la perpétuité pour leur participation au coup d’état de 2015. Le « petit despote de Bujumbura » commence-t-il à préparer la présidentielle de 2020 en désorientant l’attention de l’opinion publique ?
Le président de la Cour suprême et le procureur général de la République, dans une déclaration conjointe signée, mardi, 14 mai, ont demandé la saisie des « biens meubles et immeubles » de 32 personnalités en exil afin qu’ils « soient exploités par l’Etat ».
Il s’agit de leaders de partis d’opposition et de figures de la société civile qui ont mené la contestation contre la réélection en 2015 pour un troisième mandat du président, Pierre Nkurunziza, ainsi que, de journalistes de médias burundais indépendants vivant aussi en exil.
Ces 32 personnes sont accusées de complicité dans la tentative de coup d’état des 13 et 14 mai 2015, au plus fort de la contestation contre M. Nkurunziza, finalement, réélu en juillet de la même année, et font l’objet de mandats d’arrêt internationaux.
La même déclaration demande, aussi, la saisie des « immeubles » appartenant à neuf officiers supérieurs condamnés à la prison à perpétuité pour avoir pris part au coup d’état et à ce qu’ils soient, également, « versés dans le patrimoine de l’Etat ».
« Pierre Nkurunziza et ses sbires continuent la persécution des opposants au troisième mandat en saisissant leurs biens », a réagi sur Twitter Vital Nshimirimana, l’une des personnes visées par la mesure, dénonçant une décision qui « ridiculise encore une fois la justice burundaise ».
Les violences et la répression qui ont accompagné la crise auraient fait, au moins, 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes, entre avril 2015 et mai 2017, d’après les estimations de la Cour pénale internationale, qui a ouvert une enquête.
Pierre Nkurunziza (sur notre photo), comme un jeu, a réussi à ruiner le Burundi en s’entêtant à rester à la tête de l’Etat pour un troisième mandat qui lui était interdit et contesté, non seulement, par son opposition, mais aussi, par une frange de son propre parti, le CNDD/FDD.