L’élection présidentielle a été fixée au 7 octobre au Cameroun. Le président, Paul Biya, a publié, lundi, 9 juillet, le décret qui met tout le Cameroun en mouvement et que tout le pays attendait. Maintenant, chaque Camerounais qui estime avoir l’ego suffisant pour diriger son pays va s’activer pour conquérir le Palais d’Etoudi sachant, pertinemment, que son locataire actuel aurait toutes les chances de se succéder à lui-même, s’il répondait (comme c’est très probable) à l’appel des militants de son parti, le RDPC, et des partis affiliés. Il ne devrait, donc, avoir aucun suspense quant à savoir qui sera l’heureux élu ? Par contre, la vraie inconnue, c’est l’après-présidentielle : que fera Paul Biya (une fois reconfirmé à son poste) dont beaucoup pensent (à tort ?) que ce sera le dernier mandat ? L’intéressé, lui, n’en dit mot. C’est à ce niveau qu’on observe une véritable « guerre » entre des rivaux, parfois, d’un même camp. Le Cameroun c’est le Cameroun n’est-ce pas ?
Il y a certainement eu fuite comme c’est souvent le cas, avant la lecture à la CRTV de ce décret. Pour preuve, les séparatistes ont fait montre d’un culot jusque-là inconnu en s’attaquant, pour la première fois, à la capitale provinciale du Sud-Ouest, Buea. En effet, des tirs nourris ont été échangés, ce lundi, 9 juillet, matin, pendant plusieurs heures, entre les séparatistes et l’armée camerounaise, qui a vite repris le contrôle de la situation. Cette sortie des Ambazoniens (du reste en perte de vitesse) est un message politique ayant trait à leur existence : on se souvient que lors d’une émission télévisée diffusée, il y a quelques jours, sur la CRTV, Paul Atanga Nji, celui-là même que Paul Biya a désigné, début mars, comme ministre de l’Administration territoriale afin de faire entendre raison à ses frères et soeurs de cette partie du Cameroun, déclarait que la situation, globalement, dans les provinces du Nord-Ouest (Bamenda) et du Sud-Ouest (Buea) était sous contrôle. Et que sur les 34 arrondissements que compte le Nord-Ouest, seulement, deux ou trois, à peine, demandaient à être, totalement, maîtrisés tandis que dans le Sud-Ouest, un département entier et deux ou trois arrondissements, continuaient de, vraiment, poser problème. Le ministre affirmait, pour terminer, que des mesures sécuritaires étaient en train d’être prises pour enrayer cette menace.
Contrairement aux craintes énoncées dans les réseaux sociaux et dans certains médias locaux, qui jouent, grossièrement, pour l’ennemi (invisible) et que le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, malgré sa verve, peine à responsabiliser, la tenue de l’élection présidentielle le 7 octobre ne peut faire l’ombre d’aucun doute même si, de façon sporadique, la secte Boko Haram, qui a sa base au Nigeria voisin, effectue, de temps en temps, quelques incursions meurtrières sur le territoire camerounais. Cela dit, celles-ci sont devenues rares. Globalement, les personnes qui ont fui ses exactions, dans l’Extrême-Nord, sont en train de rentrer, massivement, chez elles où presque toutes les écoles sont ré-ouvertes. Dans les provinces du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, un budget de 12,7 milliards de F CFA a, récemment, été défini par le gouvernement pour permettre le retour des 160.000 personnes qui ont fui leur domicile dont près de 34.000 se trouveraient au Nigeria. Cette somme permettrait entre autres de reconstruire les biens détruits dans ces deux provinces. Une initiative qui énerve au premier chef les séparatistes car elle tendrait à démontrer que pour le pouvoir en place, la crise dite anglophone est en passe d’être terminée. Atanga Nji parle, lui, des bandits qui sévissent dans les arrondissements encore hors contrôle où ils font des rapts et réclament des rançons, généralement, aux Camerounais de la diaspora. Autrement dit, le problème aurait cessé d’être idéologique pour relever, maintenant, de la délinquance pure.
Bref, il ne faut rien exagérer. C’est vrai que le 7 octobre, le scrutin présidentiel se déroulera dans un contexte délicat, mais avec un impact très (très) limité. Ne pas tenir ce scrutin et le reporter comme le demandaient certains Camerounais (bizarrement) intentionnés, aurait été une décision contestable quand on sait que 97% (au moins) du territoire camerounais, vit dans la paix et ne connaît aucun trouble (notre photo montrant Paul Biya lors de la sortie de l’Emia de la promotion « Paix et Emergence » en avril 2017 à Yaoundé).