CAMEROUN : Vers un échec programmé de la fusion entre le GICAM et E-CAM

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Signé le 5 avril dernier, le traité de fusion du Gicam (Groupement interpatronal du Cameroun) et E-Cam (Entreprises du Cameroun) doit, en principe, être validé lors de l’Assemblée Générale ordinaire du Gicam le 2 juin prochain. Mais, face à la levée de bouclier d’une partie de ses membres et non des moindres, on se pose des questions. Réuni, vendredi, 5 mai, à Douala, le Conseil d’administration du Gicam a, par exemple, refusé d’approuver le traité de dissolution du Gicam au profit d’une organisation patronale unique. Les détracteurs de ce projet s’appuient sur le mépris des textes qui n’ont pas été respectés et qui rendent nuls et de nul effet la survenue d’un tel processus.

Célestin Tawamba, le président du Gicam et Protais Ayangma, le président d’E-Cam, risquent de pas faire aboutir leur projet comme une lettre à la poste (sur notre photo, les deux présidents échangent les documents de fusion le 5 avril 2023 à Douala). Réuni vendredi, 5 mai à Douala, le Conseil d’administration du Gicam a refusé de valider le traité de dissolution de Gicam au profit d’une nouvelle organisation patronale dont on ignore encore le nom. Le Conseil d’administration a reproché à Célestin Tawamba de n’avoir pas obtenu son accord avant d’initier son projet. Il lui a, aussi, reproché de n’avoir jamais distribué au sein du Gicam le traité et ses annexes pour que ses membres en prennent connaissance. Une volonté de dissimulation qui passe mal au sein de cette instance. Conséquence, l’Assemblée ordinaire prévue le 2 juin risque de ne rien faire aboutir car c’est l’Assemblée extraordinaire, selon l’article 12, qui aurait compétence pour modifier les statuts. Car, la fusion entraîne la modification des statuts du Gicam, une fusion, qui avait été actée le 5 avril, en violation des textes, par le président actuel du Gicam. Autrement dit, on aurait mis la charrue avant les bœufs.

L’union faisant la force, l’idée de fusionner les deux principales centrales patronales n’était pas une mauvaise chose. Pour peser devant le gouvernement, qui souvent, ne comprend que les rapports de force, il faut être puissant.

Le Gicam, c’est 66 années d’existence contre 14 années pour E-Cam. L’objectif, c’est de « densifier le plaidoyer au sein d’une centrale patronale unifiée », « renforcer la capacité de persuasion du secteur privé », « améliorer la compétitivité des entreprises camerounaises », « obtenir des résultats plus significatifs au sein d’un patronat plus puissant et plus représentatif ».

Le Gicam compte, environ, 1.000 adhérents, dont 27 associations professionnelles contre 400 adhérents pour E-Cam. Ces chiffres sont faibles car la très grande majorité des entreprises grandes, moyennes et petites, ne sont affiliées auprès d’aucune centrale patronale.

Le deuxième et dernier mandat du président du Gicam prendra fin en décembre 2023. N’étant plus candidat à sa succession car cela n’est pas permis par les statuts, il est soupçonné de forcer cette fusion sans respecter les textes pour permettre son maintien comme président de la nouvelle centrale patronale en création. Cette manœuvre pour certains adhérents serait donc une ambition personnelle dans la mesure où ce n’est que sa volonté de se maintenir à la tête de l’organisation patronale naissante, qui a primé. Au Gicam où on tient au maintien de cette structure (même si c’est une fusion-absorption de E-CAM), on ne l’entend pas de cette oreille. On ne balaie pas du revers de la main 66 années d’existence à cause d’une ambition personnelle, dit-on au Gicam.

L’organisation patronale Mecam (Mouvement des entreprises du Cameroun) présidée par Daniel Claude Abate et créée en 1999, qui en compte moins que E-Cam suit de très près l’évolution de ce dossier étant entendu qu’elle avait été marginalisée de cette volonté d’union pour constituer la force syndicale qui ambitionnait de parler avec plus d’autorité avec le gouvernement.

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