CEDEAO : Le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie, tous candidats à une adhésion

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La CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) n’a rien à voir avec la moribonde CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale), qui, a-t-on l’habitude de dire, semble, entre autres raisons, plombée par la très grande richesse de son sous-sol. En effet, composée de pays au sous-sol bien garni (pétrole, gaz, diamant, or, uranium, manganèse, bois, cobalt, zinc, cuivre, etc.), elle est l’objet de nombreuses convoitises des pays occidentaux, qui favorisent la mal-gouvernance de ses dirigeants dont la presque totalité refuse l’alternance à la tête de l’Etat. Alors même que l’alternance politique et le renouvellement de la classe dirigeante et des élites, constituent le principal facteur du dynamisme de la CEDEAO.

La CEEAC n’est pas le seul mauvais élève de la classe de l’intégration. L’UMA (Union du Maghreb) qui n’existe que de nom, fait bien pire. Ankylosé par d’interminables rivalités entre l’Algérie et le Maroc, l’UMA ne peut fonctionner, seulement, avec la Tunisie et la Mauritanie, prises de facto en otage par cet immobilisme sans nom. Voilà pourquoi le Maroc a choisi de faire un saut périlleux qui l’a parachuté au sein de la CEDEAO. Son adhésion devait être actée, ce dimanche, à Monrovia, devant 12 chefs d’Etat sur 15, mais le roi, Mohammed VI, a trouvé moyen de ne pas venir juste parce que le premier ministre d’Israël, Benyamin Netanyahu (sur notre photo en train de prononcer son discours à Monrovia), y a été convié comme invité spécial, et ce depuis plusieurs mois. Ce dernier, qui co-présidera le premier Sommet Israël-Afrique, fin octobre, à Lomé, avec le nouveau président en exercice de la CEDEAO, le Togolais, Faure Gnassingbé, est venu proposer le savoir-faire de son pays dans les domaines de la sécurité et de la lutte anti-terroriste, de l’agriculture et des hautes technologies. Benyamin Netanyahu devant voler la vedette à Mohammed VI (qui aime être la seule attraction quand il se trouve avec les chefs d’Etat africains), ce dernier a trouvé une formule digne des annales de l’Académie diplomatique de Genève, pour ne plus y assister. Résultat, le Maroc adhérera à la CEDEAO au prochain Sommet de cette organisation qui se tiendra, l’année prochaine, à Lomé, si jamais Benyamin Netanyahu ne s’y fait plus inviter.

Deuxième pays de l’UMA à toquer à la porte de la CEDEAO, la Tunisie. L’Afrique noire étant une région, particulièrement, accueillante, la Tunisie a obtenu un statut d’observateur, qui est la première étape de sa future adhésion.

En ce qui concerne la Mauritanie, pays membre fondateur de la CEDEAO en 1975, on se demande quel moustique avait piqué le général-président, Mohamed Ould Abdel Aziz, pour la quitter, avec fracas, en faveur de la très virtuelle UMA. Aujourd’hui, Nouakchott envisage le retour à la case départ toute honte bue, ce qui a poussé le général-président à solliciter, plutôt, un statut d’association. Dans un premier temps. Celle-ci lui a été, facilement, accordée mais les chefs d’Etat ont parlé à sa place en lui demandant de revenir ré-occuper son siège qu’il n’aurait jamais dû abandonner s’il n’avait pas été atteint par le virus de la négrophobie, qui a consisté à vouloir blanchir un pays qui compte les Noirs dans plus de la moitié de sa population. Autrement dit, le retour de la Mauritanie comme membre à part entière de la CEDEAO pourrait intervenir au Sommet du Togo en mai 2018, en même temps que l’adhésion du Maroc.

Le dynamisme de la CEDEAO en tant qu’organisation n’est, donc, plus à démontrer. En Afrique centrale (zone de dormeurs où les chefs d’Etat font du surplace), la Guinée équatoriale et le Tchad ont, déjà, songé à demander à y intégrer. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui avaient poussé la conférence des chefs d’Etat de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) à désigner, Teodoro Obiang Nguéma Mbasogo, en mars 2006, lors du Sommet de Bata, président du Comité des réformes des institutions. Il avait été désigné par ses pairs afin qu’il trouve des solutions qui permettent à la CEMAC de fonctionner avec efficacité comme l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine). Les réformes ont bien été adoptées mais elles sont mises en place à doses homéopathiques, ce qui ralentit les changements attendus.

A Monrovia, on n’a pas que parlé adhésion des Etats. Le Sommet a lancé l’autoroute Abidjan-Dakar et adopté le principe de la pose de la première pierre du Projet régional d’énergie électrique.

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