CENTRAFRIQUE : Le travail des enfants, un cancer social qui ne cesse de ronger le pays

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On estime que 57% des enfants travaillent dans l’agriculture, la sylviculture, la pêche, sur les marchés, et dans les mines de diamants. Certains enfants sont, carrément, employés de maison. La pauvreté ( la Centrafrique est le deuxième pays le plus pauvre du monde, selon l’ONU ), l’insécurité, les craintes suscitées par la pandémie ( les chiffres officiels sont plutôt rassurants, du moins pour le moment ), sont les principales causes du travail des enfants en Centrafrique.

Le travail des enfants, parfois très jeunes, sous un soleil brûlant, dans la boue ou la poussière, sur les berges de rivières infestées de moustiques, de reptiles, sur des chantiers d’exploitation de mines d’or ou de diamants, a des conséquences sur leur santé. La pénibilité du travail a des effets sur leur développement. Certains emplois effectués par les enfants sont dangereux au sens de l’OIT (Organisation internationale du travail).

Contraintes de les faire travailler du fait de la crise économique, des familles soustraient leurs enfants à l’école. Les filles sont les premières victimes de cette situation (sur notre photo les enfants traitent les fèves de cacao).

Les enfants sont une source de revenus pour des parents confrontés au chômage, à la destruction de leurs biens. Manger pour certaines familles est une priorité, plutôt qu’envoyer leurs enfants à l’école.

Beaucoup de familles ne peuvent faire face au coût des fournitures scolaires. Le travail des enfants évite aux familles d’avoir à recruter des ouvriers agricoles qu ‘elles sont dans l’incapacité de rémunérer. Ils tiennent de petits étals sur les marchés ou aux abords des axes routiers.  Par ailleurs, ils constituent une main-d’oeuvre docile pour les employeurs qui les exploitent et parfois, les brutalisent.

L’école prend moins de place que le travail dans l’emploi de temps de certains enfants.

L’UNICEF, consciente de la situation, dénonce, régulièrement, l’emploi des enfants. Mais, l’insécurité a fait de la Centrafrique un des pays les plus dangereux pour les humanitaires. Les milices n’hésitent pas à s’attaquer aux humanitaires et utilisent des mines antipersonnel et des engins explosifs artisanaux particulièrement meurtriers, ce qui ne facilite pas l’action de l’UNICEF, des ONG, des travailleurs sociaux auprès des familles et des enfants pour les inciter à les maintenir à l’école.

La Centrafrique s’est dotée d’un code de l’enfant promulgué le 15 juin 2020. Dans les faits, en raison du climat d’insécurité, de l’appauvrissement d’une grande partie de la population, de la faillite de l’Etat et de l’irresponsabilité de la classe politique, la condition des enfants ne s’est pas améliorée.

Il ne faut jamais oublier que l’avenir d’un pays se construit sur sa jeunesse, que le rôle de l’Etat est de protéger les plus faibles.

Patrick David 

Docteur en droit 

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