CENTRAFRIQUE : Les Nations-Unies ne font pas confiance aux autorités pour une bonne tenue de la présidentielle en 2021

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Mine de rien, que le temps passe vite. Au pouvoir depuis mars 2016, le président centrafricain, Faustin-Archange Touadera, organisera une élection présidentielle, au premier trimestre de 2021 à laquelle il sera, naturellement, candidat. Mais, le pays tournant, toujours, au ralenti à cause d’une rébellion qui est plus active que jamais, malgré les discours, le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, a préféré prendre les devants en anticipant une implication plus forte de son organisation lors de ces importantes et futures échéances électorales.

Antonio Guterres a fait cette plaidoirie dans un rapport remis récemment aux 15 membres du Conseil de sécurité (sur notre photo devant le monument des martyrs aux côtés de Faustin Archange Touadera à Bangui en octobre 2017).

« Les Nations unies, en particulier, la Minusca (force de Casques bleus), devraient avoir un rôle plus important dans le processus de paix », juge-t-il.

« Au vu du contexte actuel, certaines de ses missions doivent être renforcées, comme son soutien politique au processus de paix et à la stratégie sécuritaire », précise Antonio Guterres. « Deux nouvelles tâches sont recommandées : un soutien logistique à la défense nationale et aux forces de sécurité, et au processus électoral ».

Si ces orientations sont approuvées par le Conseil de sécurité, la Minusca pourrait apporter une aide à la Commission électorale nationale pour la préparation et la conduite des futurs scrutins présidentiel, législatif et locaux, estime Antonio Guterres.

Le mandat de la Minusca, renforcée, il y a un an, de 900 hommes, arrive à échéance à la mi-novembre. Dans son document, le secrétaire général plaide pour un renouvellement d’un an avec des effectifs similaires (11.650 militaires et 2.080 policiers).

Dans son rapport, il relève que la situation en Centrafrique « reste extrêmement fragile avec un risque de retour en arrière toujours réel ». C’est une litote. Sans dramatiser, cette situation a même tendance à s’aggraver. Car des groupes armés restent en position de force dans plusieurs régions et continuent de bénéficier de taxation et d’exploitation illégales des ressources naturelles. « Cette +guerre économique+, l’un des moteurs du conflit, doit cesser », souligne le secrétaire général.

Pour rappel, depuis 2013, la quasi-totalité du Centrafrique vit sous la coupe de groupes armés. Le pays (4,5 millions d’habitants) est classé parmi les plus pauvres au monde en dépit de sa richesse en diamants, or et uranium.

Antonio Guterres ne détaille pas dans son rapport les actions de certains membres du Conseil de sécurité –Russie, Chine, Etats-Unis, France– en vue d’exemptions à l’embargo de l’ONU sur les armes à destination du Centrafrique afin d’équiper ses forces de sécurité.

Le déploiement de ces dernières « et la réforme du secteur impliquent un soutien financier et logistique dans la durée pour changer la situation sur le terrain. Cela doit se traduire par des efforts accrus pour développer des forces de défense et de sécurité professionnelles, représentatives et bien réparties géographiquement », se borne-t-il à indiquer.

En conclusion et à lire le rapport du patron des Nations-Unies, ce n’est pas demain (avant-veille) que le Centrafrique sortira de l’ornière.

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