CENTRAFRIQUE : L’insécurité alimentaire, tragique conséquence d’un chaos généralisé

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La Centrafrique connaît une situation d’insécurité alimentaire particulièrement tragique. Les chiffres de la FAO, de l’UNICEF et du PAM parlent d’eux-mêmes. Près de 2 millions de personnes sont en situation alimentaire grave (soit ? 40% de la population ), 4 enfants sur 10 souffrent de malnutrition chronique. A l’exception de la capitale Bangui et de la région de l’Ouham, toutes les régions sont concernées.

Le problème est que cette situation ne date pas d’hier. On en observe aujourd’hui concrètement les effets. De très jeunes enfants ( de moins de 5 ans) présentent des retards de croissance. Des mères ne peuvent allaiter convenablement leurs nouveaux-nés.

Les causes sont également connues. Les violences extrêmes commises par les milices armées depuis 2013, ont conduit un quart de la population à fuir. De nombreux cultivateurs ont dû abandonner leurs terres ou ont manqué le moment des semailles. Les affrontements récurrents entre éleveurs de bétail pratiquant la transhumance et agriculteurs, entretenus par les milices, ont détruit les cultures vivrières. A cela, il faut ajouter des conditions climatiques  et des techniques traditionnelles d’exploitation comme le recours à la culture sur brûlis, qui ont pour conséquences, une dégradation et un appauvrissement des sols.

La production vivrière a considérablement baissé en Centrafrique entraînant une augmentation significative des prix d’aliments de base, comme le manioc. Beaucoup de Centrafricains ont perdu leur travail et ne vivent que de  trafics ou « petits boulots ». Ils sont incapables de faire face à ces augmentations.

Certaines familles ne font qu’un repas par jour. Les enfants des rues (les « godobés « ) se nourrissent en récupérant des aliments dans les dépôts d’ordures, en fouillant dans les caniveaux ou en chapardant. La  Centrafrique compte peu d’orphelinats ou d’établissements pour accueillir ces enfants perdus que la faim pousse à voler.

Les organisations humanitaires, les institutions spécialisées de l’ONU, les responsables religieux tentent de faire face à la situation. L’insécurité alimentaire, malgré ces efforts, persiste. Leur action a évité le pire.

Seule la fin des violences et le retour permettront de régler durablement l’insécurité alimentaire qui frappe ce pays, depuis plusieurs années. 

Avec la crise du coronavirus, les écoles ont dû fermer. Or, les repas financés par le PAM sont distribués au sein des écoles. C’est pour certains enfants le repas principal de la journée. 

La Centrafrique vit une tragédie silencieuse. Des médias courageux s’en font, de temps à autre, l’écho. 

Patrick David 
Docteur en droit 

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