C’est la très mauvaise note que le porte-parole de l’opposition démocratique (COD-2020-MLPC-PATRIE), l’ancien premier ministre, Nicolas Tiangaye, est venu dire, à la presse, ce samedi, 2 avril. Me Nicolas Tiangaye dont les bureaux furent cambriolés, la semaine dernière, les voleurs (probablement) envoyés par le pouvoir ayant choisi de ne voler que son ordinateur et le disque dur externe d’un autre ordinateur, et non les objets de valeur contenus dans son cabinet. C’est comme si les Russes, securocrates de Touadéra, commençaient déjà à mettre leurs méthodes en pratique, à Bangui. L’opposition n’a qu’à bien se tenir sinon elle sera complètement avalée.
Dans sa déclaration liminaire du 20 mars 2022 rendue publique le même jour, l’Opposition démocratique ayant auparavant délégué quatre (4) représentants au Comité d’organisation du Dialogue républicain (CODR), avait décidé à l’unanimité de ses membres, de ne pas participer aux travaux du Dialogue, qui allait se tenir du 21 au 27 mars 2022.
Et pour cause, le refus d’intégrer dans l’agenda et les documents de travail les thématiques pertinentes de l’Opposition démocratique et portant essentiellement sur les points suivants :
1. l’inclusivité avec la participation des Groupes armés protagonistes de la crise et responsables de l’insécurité généralisée dans le pays ;
2. la crise post-électorale consécutive aux consultations présidentielle et législatives chaotiques du 27 décembre 2020 ;
3. les réformes structurantes des institutions républicaines notamment l’Autorité nationale des élections (ANE) et la Cour constitutionnelle, chargées de la gestion et la régulation des élections ;
4. la nécessité d’un accord politique sanctionnant un consensus national sur les recommandations et les résolutions avec effet exécutoire immédiat.
L’Opposition démocratique ayant formellement retiré ses quatre (4) représentants du CODR et ayant exclu ou suspendu les dissidents, aucun parti ou individu ne pouvait prétendre la représenter aux travaux du dialogue, faute de mandat.
Les gesticulations d’agitateurs n’ayant aucune légitimité pour parler au nom de l’Opposition démocratique au Dialogue républicain n’engagent que leurs auteurs.
En outre, le président Touadéra, loin de rechercher l’apaisement dans le cadre d’un forum dont l’un des objectifs est la réconciliation nationale, s’était illustré par des propos irresponsables qui montrent qu’il n’a pas la stature d’un Homme d’Etat rassembleur.
On peut citer pour mémoire les invectives suivantes :
« … Certains concitoyens dont les esprits sont hantés par les démons de la trahison, de la méchanceté, de la haine, de l’animosité, ont entrepris de souffler le feu dans le pays, d’entretenir un climat politique délétère artificiel afin de satisfaire d’autres intérêts que ceux de leurs compatriotes. Ils se sont révélés porteurs, de manière plus ou moins ouverte, d’autres projets que ceux de l’unité nationale, de la paix et de développement de la République centrafricaine… » (fin de citation). Des propos à peine croyables d’un président de la République qui, comme cela se passe ailleurs, devrait, plutôt, se comporter comme un mendiant de la paix, comme sait s’afficher son modèle déclaré au niveau de la sous-région, le président, Paul Biya.
En réalité, le dialogue dit républicain poursuivait trois objectifs majeurs que l’opposition ne pouvait cautionner :
– la légitimation du hold-up électoral du 27 décembre 2020 ;
– l’attraction des partenaires financiers en vue de renouveler leurs apports multiformes suspendus ;
– la manipulation des participants en vue du tripatouillage de la constitution dans la perspective d’accorder un 3è mandat au président Touadéra dont l’ambition manifeste est de s’éterniser au pouvoir contre la volonté du peuple centrafricain.
En définitive, ce dialogue, loin de relever les défis multiformes auxquels le pays est confronté, a, au contraire, montré les limites et l’incapacité du régime du président Touadéra à restaurer la sécurité, la paix et à réconcilier les Centrafricains.
Résultat, pour l’Opposition démocratique, il s’est agi d’un Non-Dialogue, d’un machin qui n’engage que le pouvoir en place, ses alliés russes, et surtout pas l’opposition démocratique, et encore moins, l’opposition armée que Touadéra ne veut pas sentir alors qu’elle occupe plus de la moitié du pays.
Autre préoccupation : Faustin-Archange Touadéra carresse l’espoir de changer la constitution pour effectuer un troisième mandat, puis, un quatrième, puis, un cinquième, voire, un sixième, avec l’aide des Russes. Pour l’opposition, c’est tout simplement inacceptable. C’est vouloir replonger la guerre en plein cœur du Palais de la Renaissance. Un troisième mandat est totalement hors de question en Centrafrique. Que les Russes le sachent !
A noter que les coups d’état enregistrés ces derniers mois en Afrique de l’Ouest, sont, tous, la conséquence de la mal-gouvernance. Et puis, ces coups d’état sont des choses qui n’arrivent pas qu’aux autres. Ils peuvent bien survenir en Centrafrique où Touadéra ambitionne de devenir le roi de l’Oubangui comme on eut à une époque pas trop lointaine, un certain empereur de Berengo, parent de Valéry Giscard d’Estaing. C’est tout simplement exclu même si le probable roi Touadéra compterait s’afficher devant les Centrafricains comme un cousin éloigné de Poutine.