CENTRAFRIQUE : Rumeurs autour du Sango Coin

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Après avoir adopté le bitcoin comme monnaie officielle, la Centrafrique va plus loin en lançant sa propre cryptomonnaie, le Sango Coin. La valeur du Sango Coin reposerait sur les ressources en or, diamants et métaux rares du pays.

Alors que le secteur des cryptomonnaies est en crise et que le bitcoin est en chute libre, cette annonce peut surprendre.

Le président centrafricain est convaincu que ce projet attirera des investisseurs étrangers et financera massivement des infrastructures. Selon lui, le smartphone est une alternative au manque de structures bancaires et d’argent liquide.

Au fin fond de la Centrafrique, l’agriculteur pourra ainsi vendre sa production. La réalité de la situation dans le pays est toute autre. Une grande partie de la population centrafricaine n’a pas accès à l’électricité, ni les moyens d’acquérir un smartphone. La connexion à la fibre optique est un objectif lointain.

Le pays, toujours en proie aux milices armées, est en faillite. La moitié de la population, soit 2,2 millions de personnes, souffre de malnutrition aiguë. Dans certaines régions, les autorités politiques administratives ont abandonné leurs postes d’affectation. Le réseau routier consiste en des pistes impraticables, voire, dangereuses.

Comment expliquer ce soudain engouement du président, Faustin-Archange Touadera, pour la cryptomonnaie, présentée comme une » solution miracle » ?

Il est probable que l’entourage russe du président centrafricain l’ait poussé dans cette voie pour plusieurs raisons. L’adoption de la cryptomonnaie est susceptible d’éloigner encore plus la Centrafrique du camp occidental et de la rapprocher de la Russie. Elle pourrait très utilement servir au blanchissement d’argent. Les employeurs des mercenaires de Wagner bénéficient de contrats miniers avantageux. Les mercenaires eux-mêmes pillent un certain nombre de mines artisanales. La corruption est généralisée. Elle touche toutes les strates de la société centrafricaine.

Il ne s’agit pas uniquement d’une gesticulation de plus du président centrafricain pour faire oublier l’échec de sa politique.

Patrick David 

Docteur en droit 

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