CONFLIT HAMAS-ISRAEL : Refus de deux Etats = Guerre éternelle

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La normalisation des relations entre certains pays arabes modérés et Israël que l’Etat d’Israël avait initiée sous le magistère Donald Trump à la Maison Blanche, va s’arrêter. Celle-ci a permis la signature des accords entre Israël et le Maroc, les Emirats arabes unis et des négociations poussées avec l’Arabie Saoudite. Ryad vient de les stopper. Une telle démarche, après la signature des accords avec l’Egypte, le principal protecteur de la Palestine, consacrait l’échec de la politique de deux Etats (d’Israël et de la Palestine) qui vivraient côte à côte, et qui est prônée depuis plus de cinquante ans par les Nations-Unies. Les faucons du Likoud et de l’extrême-droite israélienne pouvaient alors jubiler d’avoir réussi leur politique du « tout sécuritaire ». Le résultat, sous nos yeux, aujourd’hui, se passe tout simplement de commentaire. C’est la catastrophe au point où Israël n’a même plus les yeux pour pleurer.

Avec son opération de massacres des populations israéliennes, du 7 octobre, le Hamas a mis tout le monde d’accord, à savoir, que tant que la politique de deux Etats n’aura pas abouti, il n’y aura jamais (jamais) de paix au Moyen-Orient. Israël, certes, pourra vivre des moments de paix, mais, à chaque fois, il devra s’attendre à affronter une crise majeure et grâce à l’effet du grand nombre d’Arabes et de musulmans, la fin de l’Etat d’Israël que prônent, aujourd’hui, l’Iran et les organisations comme le Hamas et le Hezbollah, ne serait plus une simple vue de l’esprit. Il faut déjà voir que la supériorité militaire d’Israël, n’est plus que relative. Depuis la guerre au Liban de 2006 (surtout celle de 2014) où il a eu des difficultés à écraser le Hezbollah (qui d’ailleurs avait crié victoire), Israël ne garde que sa supériorité technologique sur ses adversaires. Encore que celle-ci a été mise à mal avec la destruction en un temps trois mouvements de la frontière avec Gaza, ainsi que, toutes ses installations électroniques.

Si le fait de s’asseoir autour d’une table de négociation, pouvait faciliter une solution politique, on n’aurait pas assassiné le premier ministre, Yitzhak Rabin, en novembre 1995, le principal porteur de l’idée de paix à deux. On a vu, par la suite, émerger l’homme de droite, Benyamin Netanyahu (sur notre photo avec Anthony Blinken à Tel Aviv le 12 octobre), qui, d’un revers de la main, a balayé la solution de deux Etats. Depuis qu’il est premier ministre, il a, activement, travaillé à la colonisation des territoires arabes et à l’affaiblissement de l’OLP pour qu’un Etat palestinien ne s’implante jamais en Cisjordanie. Après avoir politiquement tué son rival palestinien, Mahmoud Abbas, et l’avoir discrédité aux yeux des Occidentaux, il a tenu le discours aux Israéliens selon lequel leur sécurité pouvait être garantie par la construction d’un mur à la frontière avec Gaza bien surveillé. Dès lors, il pouvait s’allier tranquillement avec l’extrême-droite qui, elle, est carrément raciste, en oubliant que sur le territoire israélien, lui-même, on compte jusqu’à 21% de la population d’origine arabe. Le cœur de ces 21% de musulmans bat en grande majorité pour la création d’un Etat palestinien tout à fait indépendant.

Le bricolage de la politique de Natanyahu voit aujourd’hui ses limites. Le premier ministre israélien avait donné son accord pour que chaque fin de mois, le Qatar octroie une subvention de 30 millions de dollars pour aider au fonctionnement du gouvernement du Hamas (paie des fonctionnaires, bonne gestion des écoles et des hôpitaux, etc.). Cette politique a marché pendant un temps, mais elle ne pouvait pas marcher tout le temps. Aujourd’hui, elle est remise en question. De telle manière que si 98% de la population israélienne est derrière son armée, l’homme le plus indexé, le plus haï, aujourd’hui, dans le pays, s’appelle Benyamin Netanyahu avec son gouvernement. Ils n’échapperont pas à une commission d’enquête comme savent le faire les Israéliens. Et d’aucuns prédisent même, déjà, la fin de la carrière politique de Netanyahu, quand la guerre aura pris fin entre Israël et le Hamas.

Si la politique de deux Etats semble étouffée par les états majors politiques occidentaux, elle est très populaire au sein des populations arabes et musulmanes, y compris dans celles qui vivent dans les pays occidentaux. Les manifestations de ces derniers jours à New York, en France, en Angleterre, etc. le montrent clairement. Cette idée n’est donc pas morte et personne ne pourra l’enterrer.

En sapeur pompier, Anthony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, s’est invité dans la région pour rencontrer Benyamin Netanyahu, mais aussi, Mahmoud Abbas dont personne ne parlait plus ces dernières années, le gouvernement israélien ayant propulsé comme unique interlocuteur, le Hamas.

Netanyahu ayant juré de raser ce même Hamas, ce qui est possible, le seul interlocuteur crédible ne restera-t-il pas Mahmoud Abbas (que le premier ministre a cherché à éliminer) et qui prône la solution à deux Etats, comme les Nations-Unies et bon nombre de gouvernements du monde ? On pense donc que la mise de côté de Netanyahu n’est qu’une question de temps (le temps qu’il termine sa guerre contre le Hamas), et qu’un autre gouvernement ait les coudées franches pour négocier la création de deux Etats à laquelle les Etats-Unis ne pourront pas s’opposer. Ce sera la seule façon de préserver la paix entre Juifs et Arabes dans cette partie du monde.

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