PARTENARIAT : Le président Obiang va loin…

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A l’occasion du discours prononcé, jeudi, 12 octobre, lors de la célébration du 55ème anniversaire de la fête de l’Indépendance de la Guinée équatoriale, le chef de l’Etat, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, a invité toutes les nations africaines à se défaire de l’emprise des anciennes puissances coloniales.

Présentes sur le continent africain depuis les indépendances, ces dernières avaient opté pour une approche plus « soft », visant à maintenir leur influence et préserver leurs intérêts, malgré leur volonté ouvertement affichée de laisser les Africains décider eux-mêmes de leur sort. Cette attitude est l’une des raisons pour lesquelles la pauvreté et le sous-développement demeurent en Afrique, en dépit d’un sous-sol abondamment riche. L’autre raison, d’ailleurs évoquée par le dirigeant équatoguinéen, étant les Africains qui trahissent le continent en se mettant au service des nations aux velléités néocolonialistes.

Critiqué et isolé par l’Union européenne (UE) sur fonds de problématiques liées aux droits humains, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo s’est lancé à la recherche de nouveaux partenaires pour diversifier l’économie de son pays, toujours fortement dépendante de la manne pétrolière. C’est en poursuivant cet objectif qu’il s’est, pour la première fois, rendu le 6 septembre dernier en Biélorussie, et s’est entretenu avec son homologue, Aleksandr Lukashenko. Une visite d’Etat, qui intervient dans un contexte de diminution de la quantité de barils produite par les pays membres de l’OPEP, afin de soutenir le niveau des cours de l’or noir. Cette mesure est un coup dur pour les recettes pétrolières de la Guinée équatoriale, puisqu’elle risque de pousser la nation africaine vers une récession de l’ordre de 7,8% en 2023, selon un rapport du FMI, surtout compte tenu de la faible performance des autres secteurs locaux.

En instaurant des relations bilatérales avec la Biélorussie, la Guinée équatoriale ambitionne de renforcer les capacités de son appareil industriel pour accroître sa productivité, ainsi que, sa participation au PIB. Les deux dirigeants se sont fixés comme premier objectif de franchir la barre des 100 millions de dollars d’échanges commerciaux d’ici 2030. Leur coopération devant porter sur l’agriculture, la pétrochimie, l’éducation, la sécurité alimentaire, la santé, et l’éducation.

Le rapprochement entre la Biélorussie et la Guinée équatoriale fera couler beaucoup d’encre en Occident, non seulement, à cause de la proximité des présidents russe et biélorusse, mais aussi, de la constante narrative sur l’éventuelle prédation des ressources naturelles d’une énième nation africaine par un allié du Kremlin. Cependant, aucune de ces interférences n’empêchera le président équatoguinéen d’écrire une nouvelle page pour l’histoire de son pays.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)  

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