CONGO-BRAZZAVILLE : Le dictateur gagne une bataille, pas la guerre

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Les Congolais devront s’en prendre à Guy Brice Parfait Kolelas et à Pascal Tsaty Mabiala de s’être, très vite, couchés, pour reconnaître la victoire de « Mr 8% » à la présidentielle du 20 mars. C’est une lâcheté inqualifiable qui n’honore pas la politique. Fort de ce défaitisme inconnu du temps de Bernard Kolelas et de Pascal Lissouba, de qui ces deux néo-opposants, se revendiquent, le dictateur a lancé sa machine infernale pour faire reconnaître sa « victoire ».

Sur le plan national, il a mis sous pression, Jean-Marie Michel Mokoko, et André Okombi Salissa, qui, heureusement, lui ont opposé une fin de non recevoir. Résultat : ils sont, toujours, privés de mouvement. Quand l’ancien ambassadeur de France, Jean-Pierre Vidon, s’invitait chez Mokoko, c’était pour le convaincre de reconnaître la « victoire » du dictateur. Incroyable ! Mais le brave général a résisté, tout comme, Okombi et Claudine Munari. La finesse de cette dernière conjuguée à l’intelligence de Zacharie Bowao, permettent de relativiser la forfaiture des deux traîtres.

Sur le plan international, le ministre congolais des Affaires étrangères, Jean Claude Gakosso, ne cesse de sillonner l’Europe, à la recherche d’une réhabilitation de son mentor. Privé d’énormes moyens pour corrompre, à cause d’un baril faible, le dictateur peut, néanmoins, compter sur son vieux réseau d’amitiés, toujours prêt à servir. L’opposition nationale de l’IDC-FROCAD ayant montré de sérieuses fissures, le dictateur a vite fait de s’engouffrer dans cette brèche qui lui permet, aujourd’hui, de savourer le champagne : les ambassadrices de l’Union européenne et des Etats-Unis, vont (ou sont en train de) quitter le Congo. Sassou a, aussi, obtenu la reconnaissance de sa « victoire » par Michaëlle Jean de la Francophonie. Comble d’ironie : c’est le représentant de cette dernière, l’ancien président brukinabé de la transition, Jean Michel Kafando, qui avait préféré plier bagages, trois jours avant la présidentielle, pour ne pas cautionner la mascarade électorale qui se préparait.

Afriqueeducation.com l’a, souvent, écrit : Sassou Nguesso est plus fort que le ciel et la terre réunis. Il a dépassé la communauté internationale. Mais, il ne dépasserait plus les Congolais, s’ils étaient un peu plus unis.

Alpha Condé, l’ancien « opposant », depuis Conakry, est, aussi, à la manœuvre. Après avoir bénéficié des services de Cochery, il l’a recommandé à Sassou, après le départ de Vidon, pour la suite des événements. Il a déstabilisé une partie du FROCAD en encourageant certains de ses membres à ne pas se présenter à la présidentielle.

Comme on le voit, le combat est loin d’être gagné. Le dictateur est (certes) plié car le peuple (heureusement) n’en veut plus : 92% des Congolais lui ont dit Non le 20 mars. Mais comme un roseau, il refuse de rompre. Les caisses vides feront-elles la différence ? Car le dictateur doit négocier, maintenant, avec les bailleurs de fonds, qui lui demandent de s’entendre avec l’opposition. Mais il veut aller au dialogue, en position de force, surtout, en restant au-dessus de la mêlée, aidé en cela par Alpha Condé, qui se charge de convaincre François Hollande, sur certains aspects.

Bref, Mokoko tient. Okombi tient. Munari tient. Bowao tient, pour ne citer que les plus représentatifs. Le peuple à 92% tient. Une grande partie de l’armée n’est plus avec le dictateur. La diaspora tient aussi. Les caisses sont vides et l’économie par terre. Voilà la chance des Anti-Sassou.

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