CONGO-BRAZZAVILLE : Le dictateur n’a plus beaucoup d’amis

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Sassou Nguesso avait mis les petits plats dans les grands, remuant ciel et terre, afin de sauver ce qui reste de sa (sinistre) dictature. Après ses 60,39% du premier tour (toute honte bue) arrachés au peuple congolais, il avait cherché à transformer l’essai : son novice ministre en diplomatie, Gakosso Jean-Claude, a passé, ses six dernières nuits, dans l’avion, à parcourir, Libreville, Yaoundé, Luanda, Abidjan, Lomé et Kinshasa. Du haut de ses 60 petites années, Gakosso n’a jamais été si éprouvé par d’aussi interminables voyages, les uns plus inutiles que les autres. Car au final, on savait, bien, qui pouvait venir à cette investiture pour y perdre son temps, surtout, qui allait (absolument) venir pour honorer les bienfaits du chéquier du dictateur, et qui ne viendrait pas. Mais, la réalité est que Sassou a perdu le sens du Nord. Aujourd’hui, il ne fait que naviguer à vue.

Au final, après avoir mobilisé deux grandes administrations de l’Etat, la présidence de la République et le ministère des Affaires étrangères, à quémander la présence (effective et physique) des chefs d’Etat pour marquer leur « fraternité » et leur « solidarité » à l’endroit du dictateur, le résultat est plus que lamentable. Par ordre d’importance vue par le protocole du dictateur, on a compté comme chefs d’Etat ayant participé à son investiture : l’Angolais, José Eduardo dos Santos et Madame, le Gabonais, Bongo Ondimba Ali, le Guinéen, Alpha Condé et Madame, le Sénégalais, Macky Sall, le Nigérien, Mahamadou Issoufou, le San Toméen, Manuel Pinto da Costa, et le Namibien, Hage Geingob et Madame.

Pour clouer le bec de ses détracteurs, le dictateur, dit-on, avait misé sur une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement, au bas mot. Ce matin, Brazzaville revoyait sa liste à la baisse, ne parlant que de onze chefs d’Etat qui allaient être de la « fête ». Résultat, il a eu droit au tiers de ses espérances (sept présidents en tout et pour tout), ce qui situe, aussi, sa vraie côte de popularité et de crédibilité auprès de la communauté internationale.

En effet, son investiture a été boudée par les gouvernements européens et américain, représentés, uniquement, par leurs ambassadeurs en poste à Brazzaville. Aucun d’eux, d’ailleurs, n’a félicité le dictateur, l’Union européenne et Washington n’ayant pas reconnu Sassou comme « vainqueur » de cette élection.

Les organisations internationales, de leur coté, (Nations-Unies, Union africaine, Francophonie, et même la CEEAC), ont été représentées par des fonctionnaires de second rang.

Seule la Chine, a envoyé un ministre et la Russie, un vice-ministre, pour sauver l’honneur du dictateur.

Sassou avait les yeux rouges (comme le sang des Congolais qu’il aime faire couler) pendant toute la cérémonie, signe de plusieurs nuits sans sommeil, pendant lesquelles il donne des instructions pour bombarder le département du Pool.

Après ce fiasco cérémonial, ses ennuis vont, maintenant, commencer, bien qu’il soit, toujours, dans sa logique de fuite en avant : dans son discours d’investiture, il a fait de « grandes » annonces économiques et sociales qu’il compte réaliser, alors que le Congo est, profondément, politiquement, bloqué. En aucune fois, dans son discours d’une demie heure, il n’a évoqué l’opposition qui l’a battue, à plate couture, à cette élection et dont les résidences de trois de ses responsables sont, actuellement, cernées par ses chars. Le dictateur a, encore, moins tendu la main à cette opposition, dans le cadre d’un futur dialogue. Pour lui, le Congo se résume à son triste et unique individu.

Selon nos informations, il chercherait, plutôt, à composer un gouvernement en débauchant des personnalités de l’opposition. L’IDC-FROCAD coordonnée par Charles Zacharie Bowao doit veiller au grain car le dictateur est prêt à détruire tout le Congo pour sauver sa peau.

Ce n’est pas maintenant où il se trouve, clairement, sur un siège éjectable qu’il devrait convaincre les opposants qui comptent. Mais ne sait-on jamais ! Ce serait périlleux pour tout opposant qui se respecte, de laisser se faire embarquer par un tel individu dans un gouvernement sans lendemain. Qu’il tombe seul. Ce serait mieux ainsi.

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