CONGO-BRAZZAVILLE : L’opposition a gagné la première bataille contre le dictateur. Peut-elle gagner la deuxième ?

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François Hollande a quitté le pouvoir, n’étant même pas fichu de défendre son mandat à l’Elysée. Ses amis chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest, membres de l’Internationale socialiste, ont presque tous empoché leur pactole venant des pétro-dollars congolais. Ils ont bien fait le job puisque Hollande, après avoir longtemps résisté, a fini par fléchir en faveur de Sassou, en marquant son accord afin que le référendum (pour changer la constitution et s’éterniser au pouvoir) puisse se faire. Malheureusement, la donne a changé pour le dictateur. Il n’y a plus d’argent à « prêter » aux mêmes personnes. Et puis, Hollande n’est plus à l’Elysée, où, désormais, trône un illustre inconnu que personne n’a vu venir. Du coup, le dictateur doit, lui-même, chercher à sauver ce qui peut encore l’être de son pouvoir finissant. Il l’a très bien compris et ne se fait pas prier.

Sauf s’il change d’avis, il devrait se rendre à Washington, après son (bref) séjour, à New York (où il a traîné 43 personnes avec lui), afin de rencontrer les fonctionnaires du FMI qui interviennent dans le dossier du Congo-Brazzaville. Il devrait aussi faire la même chose avec ceux de la Banque mondiale.

L’opposition (qui pour une fois est à féliciter) avait réalisé un grand coup en remettant au bureau du FMI à Brazzaville, une requête détaillée sur sa façon de voir la négociation entre le FMI et le pouvoir. Finalement, pour engager le pays tout entier, l’accord signé avec le FMI devrait, auparavant, tenir compte des conclusions d’un dialogue entre le pouvoir et l’opposition. Impossible pour le FMI de conclure un accord dans des conditions actuelles, aurait dit Chistine Lagarde au dictateur, mardi, 19 septembre, en marge de la 72e AG de l’ONU, à New York (notre photo). Les deux « amis » ont eu un assez long tête à tête. Lagarde voudrait bien aider son « ami » mais pas pour que son nom soit traîné, plus tard, dans la boue comme c’est le cas, aujourd’hui, pour son prédécesseur, Dominique Strauss-Kahn.

Voilà pourquoi le dictateur cherche à mettre de l’eau dans son vin en manifestant un accord (timide) à la tenue d’un dialogue avec celui qu’il appelait, hier, « le bandit » (Pasteur Ntumi) et à qui il promettait un triste sort auprès de sa justice.

En réalité, ce n’est pas d’un dialogue (fermé Pool contre Pool) dont a besoin le Congo, et que souhaite Sassou. Le philosophe, Charles Zacharie Bowao, précise que ce dialogue ne devrait exclure personne, et surtout, il ne devrait pas réunir les seuls fils du Pool constitués en opposition et majorité. Car le problème du Pool, pense-t-il (et c’est vrai) n’est que la conséquence du mal-être congolais tout entier dont on voit les néfastes conséquences à tous les niveaux de la société. Après avoir rempli ses prisons d’opposants pensant avoir, ainsi, la paix, Sassou se rend compte qu’il sera, rigoureusement, incapable de payer les salaires de la fonction publique d’ici très peu de temps, et peut-être, même dès cette fin de septembre.

Il craint les émeutes. Et ventre affamée n’ayant point d’oreille, les forces de défense et de sécurité risquent de ne plus le suivre. Selon des informations qui nous parviennent, plusieurs hauts gradés (et non des moindres) n’arrivent plus à survenir aux besoins de leurs nombreuses maîtresses. Les salaires ne sont plus payés dans plusieurs institutions : Université, Mairies de Brazzaville et de Pointe-Noire, CHU, Retraités de l’armée, etc.

Avec un endettement, qui risque d’être supérieur aux 117% du PIB du pays, la patronne du FMI a, diplomatiquement, promu à Sassou que son organisme n’allait pas laisser tomber le Congo-Brazzaville, son rôle étant justement d’aider au redressement des économies malades comme celle du Congo-Brazzaville. Mais quand et à quelles conditions ? Voilà le niveau où l’opposition doit chercher à gagner la deuxième bataille.

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Christine Lagarde
Dialogue accordée
Vigilance à toute épreuve à observer.

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