COTE D’IVOIRE : Ahoua Don Mello candidat d’espoir sur qui on peut compter ?

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Selon les révélations du quotidien abidjanais, « Aujourd’hui », en date du 1er juillet 2025, Ahoua Don Mello, ancien ministre de l’Equipement et de l’Assainissement dans le gouvernement de Gilbert Aké N’Gbo, le dernier premier ministre de Laurent Gbagbo, préparerait discrètement sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre prochain. Cette initiative, encore non officialisée, s’inscrirait dans le contexte d’un retrait forcé de Laurent Gbagbo, exclu de la course en raison de son inéligibilité. Si cette candidature se confirmait, elle pourrait représenter bien plus qu’une simple alternative, incarner un renouveau politique, une réconciliation entre fidélité à un héritage et nécessité de changement.

Une expérience politique et administrative solide

La première raison qui fait de Don Mello (notre photo) un prétendant crédible et rassurant à la magistrature suprême réside dans son expérience. Il a été membre du dernier gouvernement Gbagbo, ce qui lui a permis de se familiariser avec les rouages de l’administration ivoirienne à son plus haut niveau. Contrairement à de nombreux technocrates qui n’ont qu’une connaissance théorique de la gestion publique, Don Mello a exercé de réelles responsabilités gouvernementales dans un contexte politique tendu et complexe.

Par ailleurs, il a dirigé avec succès le Bureau national des études techniques et de développement (BNETD) de 2000 à 2011. Sous sa direction, cette institution stratégique de l’Etat a connu une efficacité notable dans l’exécution des grands projets d’infrastructures. Les témoignages d’anciens collaborateurs soulignent sa rigueur, sa vision structurante et sa capacité à mobiliser les compétences nationales autour d’objectifs concrets. A une époque où les défis infrastructurels et de développement sont cruciaux pour la Côte d’Ivoire, une telle expertise ne saurait être négligée.

Une stature panafricaine et une expertise reconnue à l’international

Don Mello n’a pas seulement brillé sur la scène nationale. En tant qu’ingénieur des ponts et chaussées, il a été sollicité par plusieurs Etats africains, dont la Guinée équatoriale et la Guinée-Conakry, pour accompagner leur développement. C’est d’ailleurs en Guinée qu’il se trouvait au moment du renversement du président Alpha Condé. Ces expériences lui ont permis de renforcer sa stature internationale tout en consolidant son réseau dans les milieux politiques et techniques africains.

Son engagement en faveur d’une Afrique souveraine l’a aussi conduit à s’opposer fermement à la présence des bases militaires étrangères sur le continent, au F CFA et à toute forme d’ingérence de l’ancienne puissance coloniale. Cette posture, aujourd’hui, populaire auprès d’une frange croissante de la jeunesse africaine, confère à Don Mello une image de patriote panafricaniste, lucide et combatif.

Un débat qui n’a pas lieu d’être sauf à perturber au sein des rangs du PPA-CI où on sait que Laurent Gbagbo est et sera candidat (même si Ouattara fait usage de bons procédés républicains en le faisant inscrire sur la liste électorale comme lui-même remit le passeport ivoirien à Ouattara qui lui permit d’être candidat en 2010).

Une vision idéologique claire et ancrée

Ahoua Don Mello ne cache pas son engagement idéologique. Proche des idées socialistes, il prône la justice sociale, l’équité, la liberté et l’attention aux plus démunis. Cette orientation le rapproche du peuple et des couches populaires qui, souvent, se sentent oubliées par les élites. A une époque où la méfiance envers les dirigeants traditionnels est forte, sa fidélité aux valeurs progressistes pourrait séduire un électorat en quête de sincérité et de solidarité avec les laissés-pour-compte.

Sa proximité avec les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), et notamment, avec la Russie où il a vécu et travaillé pendant plusieurs années, ajoute à sa singularité. En tant que vice-président des BRICS chargé des projets stratégiques, Don Mello bénéficie d’un réseau international puissant susceptible de favoriser l’émergence de la Côte d’Ivoire sur la scène mondiale, en dehors des circuits traditionnels dominés par l’Occident.

Un homme loyal, fidèle à Laurent Gbagbo

Un autre aspect qui plaide en faveur de sa candidature est sa loyauté indéfectible envers Laurent Gbagbo. Malgré ses ambitions personnelles, Don Mello n’a jamais tenté de supplanter son mentor. Il a toujours affirmé qu’il ne se présenterait jamais contre lui car il lui doit une grande part de sa formation idéologique. Ce respect profond pour Gbagbo contraste avec les ambitions débridées de certains cadres politiques qui, parfois, trahissent leurs mentors dès qu’une opportunité se présente.

C’est donc dans un esprit de continuité respectueuse qu’il envisagerait sa candidature. Pour ses partisans, Don Mello n’est pas un “Plan B”, mais bien l’héritier naturel d’un combat politique, capable de le prolonger et de l’adapter aux réalités d’aujourd’hui. D’ailleurs, affirment-ils, un véritable chef est celui qui accepte de transmettre et de faire grandir ses disciples. Empêcher la candidature de Don Mello sous prétexte de fidélité absolue à Gbagbo serait, non seulement, contre-productif, mais également, injuste à l’égard d’un homme qui n’a jamais trahi.

Un candidat en phase avec les aspirations de la jeunesse

La jeunesse africaine, en particulier, dans la région du Sahel, est aujourd’hui séduite par des modèles politiques alternatifs, marqués par le rejet de l’influence occidentale, la réaffirmation de la souveraineté nationale et la recherche d’une justice sociale plus marquée. Dans ce contexte, un profil comme celui de Don Mello, à la fois technocrate, patriote, panafricaniste et expérimenté, apparaît comme une réponse crédible aux attentes d’un électorat en quête d’authenticité.

Les jeunes, lassés par les querelles de succession et les stratégies de conservation du pouvoir, aspirent à des figures nouvelles, capables de porter une vision audacieuse et cohérente. La candidature de Don Mello pourrait ainsi permettre un renouvellement sans rupture, une transition dans la continuité, respectueuse de l’héritage de Gbagbo mais tournée vers l’avenir.

Laurent Gbagbo est bel et bien candidat. Mais, si par extraordinaire il ne l’était plus, c’est lui-même qui l’annoncerait en présentant un digne successeur à son image.

Une candidature controversée mais porteuse d’espoir

Il est vrai que l’idée d’une candidature Don Mello divise au sein du PPA-CI. Certains responsables influents du parti rejettent toute possibilité de “Plan B”, estimant que l’éviction de Gbagbo de la présidentielle est une injustice qu’il faut combattre jusqu’au bout. Ils n’ont pas tort mais un nombre croissant d’Ivoiriens, y compris parmi les partisans historiques du FPI et du PPA-CI, estiment qu’il serait plus sage de soutenir un homme compétent, loyal et porteur d’un projet national cohérent.

En conclusion, la possible candidature d’Ahoua Don Mello ne doit pas être vue comme une trahison mais comme une opportunité pour la Côte d’Ivoire de tourner une page sans déchirer le livre. A la croisée des chemins, entre fidélité et innovation, entre souveraineté et ouverture, Don Mello pourrait bien incarner le trait d’union tant espéré par une nation en quête de stabilité, de justice et de progrès durable.

Jean-Claude DJEREKE

Professeur de littérature à l’Université de Temple (Etats-Unis)

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