CONGO-BRAZZAVILLE : Sassou Nguesso en passe d’être pris à son propre piège

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La panique a gagné Sassou-Nguesso et ses proches, à l’idée que ce qui a été prévu, ne soit pas en train de se réaliser. Il faut dire que le dictateur se sait surveillé, comme jamais, au point qu’il ne rate pas l’occasion de le répéter aux siens. Au moindre faux pas, on ne le ratera pas : il sait marcher sur des œufs.

Après avoir utilisé mille stratagèmes pour corrompre ou discréditer les leaders de l’opposition, il a avancé, contre toute attente, la présidentielle au 20 mars 2016, après avoir, lui-même, constaté l’échec de cette stratégie. Croyant prendre l’opposition de court, il tablait sur le boycott de celle-ci, pour se présenter, presque tout seul, à cette élection. Ses équipes travaillaient même, déjà, sur une victoire, dès le premier tour, avec (un modeste) 60% des voix. Question de ne pas trop heurter la communauté internationale. Mais, là, patatras ! L’opposition, après avoir réfléchi, mûrement, à la situation, a opté pour y aller, le 20 mars, mais, en souhaitant que le minimum soit fait, pour avoir une élection crédible : Sassou avait, lui-même, vendu cette approche aux ambassadeurs occidentaux accrédités au Congo et à la communauté internationale. Il avait annoncé l’organisation d’une élection libre, transparente et digne d’intérêt.

Mais voyant que l’étau se resserre sur lui, il est en train de changer de fusil d’épaule. Finalement, ce n’est plus une CENI totalement libre et indépendante (financièrement et politiquement), à parité égale majorité/opposition, qui va organiser l’élection, mais c’est le ministre de l’Intérieur de sinistre réputation, Raymond Zéphyrin Mboulou, qui s’en chargera. Tandis que l’ancien patron de la CENI reste en place. Avec la même mentalité, les mêmes méthodes d’inversion des résultats, et les mêmes méthodes de bourrage des urnes.

Sassou qui se renie, donc, jour après jour, sur ses engagements, d’il y a quelque temps, est, cependant, confronté à un défi de taille. Son élection ne peut être acquise dès le premier tour. Impossible ! Sinon, c’est la guerre qu’il chercherait à (re)lancer dans le pays, lui qui a stocké les armes sur l’ensemble du territoire et entretient des milliers de mercenaires.

En face de lui, il y a des adversaires solides préparés à un défi dans les urnes : parmi les candidats notables originaires du Sud, il y a Pascal Tsaty Mabiala, le premier secrétaire de l’UPADS, le parti du professeur Pascal Lissouba ; Guy Brice Parfait Kolelas, le président du MCDDI (bien que Sassou ait divisé son parti en prenant l’aile dirigée par Landry et Téodorine dans son camp), et surtout, la presqu’inattendue Claudine Munari du Must, qui est la surprise de ce début de campagne. Sa montée en force dans cette élection, montre qu’un autre Congo (un Congo pour tous) est possible, comme elle l’a, d’ailleurs, déclaré dans une interview parue dans le numéro 433 du 15 au 29 février d’Afrique Education.

Dans le Nord supposé être le fief de Sassou, le chef de l’Etat sortant aura à faire face à André Okombi Salissa qui mobilisera dans les Plateaux et au-delà, et, aussi, au général Jean Marie Michel Mokoko. Le Nord, jadis, fief de Sassou, est désormais, un « bien » commun, à trois. Parlant du général Mokoko, il semble faire, terriblement, peur à Sassou car à un moment ou à un autre, la troupe peut l’écouter.

Sassou, se voyant contourné et pris en tenaille de cette manière, voudrait faire invalider certaines candidatures, pour avoir une certaine marge de manœuvre. Car la situation est en train de lui échapper. S’il fait invalider certaines candidatures, le monde entier constatera qu’il est un (très) mauvais joueur. Avec les conséquences que personne ne peut prévoir à l’avance. Il hésite encore sur la conduite à tenir, sachant que la communauté internationale l’a à l’oeil. Même si elle ne lui dit rien, elle l’attend au tournant.

Pour avoir le cœur net, le dictateur a dû envoyer, en catastrophe, à Paris, ces derniers jours, deux de ses principaux lieutenants, les généraux, Jean Dominique Okemba et Philippe Obara, prendre la température. Afriqueeducation.com la lui donne : temps froid, à Paris, avec un mercure qui toise les 0°.

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