CONGO-BRAZZAVILLE : Sassou Nguesso travaille pour le rapprochement entre Kagame et Nkurunziza

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Après avoir, financièrement, soutenu Pierre Nkurunziza afin qu’il corrompe ses collaborateurs, pour le Oui en faveur d’un troisième mandat, Sassou Nguesso pensait l’affaire dans la poche, Nkurunziza n’ayant pas eu de mal, contrairement, à ses craintes, à s’attribuer un troisième mandat en juillet, lors d’une présidentielle, néanmoins, controversée. Mais voilà que les problèmes surgissent, là, où on ne les attendait plus. Du coup, Nkurunziza, qui ne sort plus du Burundi (et même de Bujumbura), de peur d’un coup d’état, se trouve, fortement, coincé. Il est dans une totale impasse alors que les partisans du Non à son troisième mandat, ont le vent en poupe.

Depuis Mpila, Sassou Nguesso suit l’évolution de cette situation et s’en inquiète beaucoup. Comment peut-il aider son « poulain » Nkurunziza pour le sortir de cette impasse ? Pendant toute sa présence à l’investiture du président, Alpha Condé, à Conakry, il y a quelques jours, ce problème Nkurunziza a taraudé son esprit. C’est pourquoi sur son chemin du retour, il a choisi de passer, d’abord, par Kigali. Pourquoi Kigali ? Officiellement parce qu’il devait apporter son soutien fraternel à Paul Kagame, qui se préparait à tenir son référendum en vue de la modification de la constitution, vendredi, 18 décembre, qui lui permettrait de mourir au pouvoir, comme Sassou l’avait fait, le 25 octobre dernier. Mais, plus discrètement, les deux présidents ont passé beaucoup de temps, ensemble, à parler de Pierre Nkurunziza (Notre photo montrant un tête à tête entre Sassou et Kagame le 15 décembre à Kigali).

Sassou est un fervent soutien de Nkurunziza pour son troisième mandat, ce qui n’est pas le cas de Paul Kagame qui accueillerait, même sur son sol, une rébellion burundaise, qui s’essaie, dans la déstabilisation du régime de Pierre Nkurunziza. Les deux hommes sont loin d’accorder leur violon sur ce dossier.

Sassou pense que son ami et frère Paul Kagamé (avec qui il gère à la fois des intérêts convergents et divergents) était au courant de l’attaque des trois sites militaires, le 11 décembre, à Bujumbura et en province, laquelle a donné lieu à un véritable règlement de compte des militaires de Nkurunziza qui, après l’avoir contenue, se sont acharnés sur les populations civiles qu’ils ont massacrées à souhait (87 morts selon le chiffre du gouvernement, mais bien plus, en réalité). C’est ce massacre qui donne lieu, aujourd’hui, à une volonté manifeste de l’Union africaine, d’intervenir, militairement, au Burundi.

En effet, l’Union africaine a annoncé qu’elle allait envoyer une mission de 5.000 hommes, au Burundi, pour tenter de stopper les violences dans ce pays, menaçant Bujumbura de se déployer même sans son accord.

Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA, réuni, vendredi, 18 décembre, soir, à Addis Abeba, a décidé « d’autoriser le déploiement d’une Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (Maprobu), pour une période initiale de six mois, renouvelable », et a demandé « au gouvernement du Burundi de confirmer dans les 96 heures suivant l’adoption de ce communiqué qu’il accepte le déploiement de la Maprobu et de coopérer avec elle ».

Si Bujumbura s’oppose à l’envoi de cette mission, l’UA prendra des « mesures supplémentaires » pour en assurer le déploiement, a prévenu le Conseil.

Il est peu probable que les autorités burundaises, qui ne cessent de dénoncer l’immixtion de la communauté internationale dans la crise politique où est plongé le pays depuis huit mois, acceptent un déploiement étranger sur leur sol.
Mais le CPS a insisté sur sa « détermination à prendre toutes les mesures appropriées contre toutes parties ou acteurs, quels qu’ils soient, qui empêcheraient la mise en oeuvre de cette présente décision ».

La Mission africaine comptera à ses débuts jusqu’à 5.000 hommes, soldats et policiers, ainsi qu’une composante civile, et intégrera les observateurs des droits de l’Homme et experts militaires, déjà, déployés au Burundi. Elle aura pour objectif d’éviter « la détérioration de la situation sécuritaire », de contribuer « à la protection des populations civiles en danger immédiat », d’aider à créer les « conditions nécessaires » à la réussite d’un dialogue inter-burundais, et de faciliter « la mise en oeuvre de tout accord » auquel parviendraient les différentes parties.

La communauté internationale qui intervient, aujourd’hui, à retardement, au Burundi, alors qu’elle aurait dû peser sur Pierre Nkurunziza afin qu’il ne brigue pas un troisième mandat, serait bien inspirée de peser sur Sassou afin qu’il se retire du pouvoir, en juillet 2016, au lieu d’attendre qu’il y ait, d’abord, des dégâts, à Brazzaville, avant de venir jouer les sapeurs pompiers de service.

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