RWANDA : Tapis rouge pour Kagame pour la présidence à vie

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Les Rwandais ont voté, massivement, en faveur d’une révision de la constitution, qui doit permettre au président, Paul Kagame, de se présenter pour un nouveau mandat et de, potentiellement, de diriger le pays jusqu’en 2034, selon les résultats partiels du référendum publiés samedi, 19 décembre 2015.

Le « oui » en faveur de la réforme constitutionnelle obtient 98,13% des voix, contre 1,71% au « non », selon des résultats officialisés par la Commission électorale et portant sur 21 des 30 districts, soit 70% du pays.

« Nous avons vu la volonté du peuple. Il est clair que ce que le peuple veut, il peut l’obtenir », a déclaré Kalisa Mbanda, le chef de la Commission électorale nationale, après avoir annoncé ces résultats préliminaires.
« Ils avaient demandé le changement de constitution et ils l’ont obtenu », a-t-il ajouté, cité par le quotidien pro-gouvernemental, New Times.

Il faisait peu de doutes que le Oui l’emporterait largement. La révision avait été présentée comme une initiative populaire par les autorités, 3,7 millions de Rwandais ayant demandé, par pétition, un maintien, au pouvoir, de M. Kagame, 58 ans, après l’expiration, en 2017, de son mandat, le dernier que lui permet l’actuelle constitution.

Quelque 6,4 millions de Rwandais avaient été conviés à répondre par Oui ou Non à la question : « Etes-vous d’accord avec la constitution de la République du Rwanda telle que révisée pendant l’année 2015 ? ».

Divers articles ont été modifiés, en novembre, par le parlement. Mais, les deux changements cruciaux concernent les nouveaux articles 101 et 172, qui autorisent, potentiellement, M. Kagame à se maintenir au pouvoir, pendant 17 ans supplémentaires.

Le nouvel article 101 continue de limiter, à deux, le nombre de mandats présidentiels, tout en abaissant sa durée de sept à cinq ans. Mais, parallèlement, un nouvel article 172 stipule que la réforme n’entrera en vigueur qu’après un nouveau septennat transitoire, entre 2017 et 2024. Le président sortant y sera, donc, éligible, de même que, légalement, aux deux quinquennats suivants. Avant une éventuelle autre révision pour permettre à Paul Kagame, cette fois, de mourir au pouvoir.

Elu en 2003 et réélu en 2010, avec plus de 90% des voix, à chaque fois, M. Kagame n’a pas, encore, dit s’il se représenterait en 2017. Il avait indiqué que sa décision dépendrait des résultats du référendum. L’ampleur du vote en faveur du « Oui » devrait l’inciter à se présenter à nouveau. Lui qui se prend pour Dieu sur terre.

Cette révision constitutionnelle a fait l’objet de critiques virulentes des partenaires internationaux du Rwanda, Etats-Unis en tête, qui ont appelé M. Kagame à quitter le pouvoir en 2017. Tout laisse penser que les pressions sur Kagame ne font que commencer. Il n’a qu’à bien se tenir.

Avec AFP

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