CONVENTION ACP-UE : La fin des négociations pour l’été 2019 est-elle une date réaliste ?

Date

La 108e session du Conseil des ministres ACP organisée du 12 au 14 décembre, à Bruxelles, a pris fin avec une concertation entre les douze ministres ACP chargés de négocier pour le compte des ACP et la délégation de l’Union européenne que dirigeait le Commissaire à la Coopération internationale et au développement de la Commission européenne, le Croate, Neven Mimica. Du côté des pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique), on a noté la présence du docteur, Issa Doubragne, ministre de l’Economie et de la Planification du développement et président de la Conférence des ministres des pays ACP, du professeur, Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères du Togo et négociateur en chef pour le compte des ACP de la future Convention ACP-UE, et du docteur, Patrick I. Gomes, secrétaire général des ACP.

C’est depuis septembre 2018 que les premiers contacts ont été noués entre les deux parties, en marge de l’Assemblée Générale des Nations-Unies, à New York. Beaucoup de questions n’ont pas résisté au consensus comme la volonté de poursuivre ce partenariat qui a plus de quarante ans d’âge, et la volonté de le renouveler sur une vingtaine d’années supplémentaires entrecoupées par des périodes d’évaluation tous les cinq ans. D’autres questions, par contre, nécessiteront beaucoup plus d’explications et de compréhension de part et d’autre. Il en est, par exemple, de la question ayant trait à la croissance et au développement inclusif dans les pays ACP, et surtout, la question des migrations et de la mobilité, qui divise, foncièrement, les deux parties.

Chef des négociateurs UE, Neven Mimica, a, à plusieurs reprises, souhaité que les négociations prennent fin pendant l’été 2019, en juin ou juillet, au plus tard. Pour cela, elles devraient, immédiatement, démarrer dès janvier afin qu’en mars, les deux parties se rencontrent pour une concertation à mi-étape, dans une capitale d’un pays ACP afin de faire le point. Cette capitale ACP sera, certainement, N’Djamena, le président de la Conférence des ministres ACP, Dr Issa Doubragne, ayant proposé son pays pour abriter cette importante rencontre.

Cela dit, les ACP ont une autre approche de cette négociation. Selon leur négociateur en chef, le professeur, Robert Dussey, aucune négociation ne pourra être entamée, avec l’efficacité souhaitée, tant que les experts promis par l’Union africaine lors du Sommet extraordinaire tenu, à Addis Abeba, en novembre, n’auront pas pris leurs fonctions. La partie ACP pense donc qu’il est raisonnablement possible d’envisager le début de ces négociations vers fin février, quand les experts attendus auront été mandatés par l’organe continental.

Les négociations à venir ne seront pas une partie de plaisir : les ministres Dussey et Doubragne ont, tous les deux, insisté sur les priorités qui étaient les leurs : priorités stratégiques (sécurité des frontières, paix, stabilité des Etats, etc.), la culture et le développement (plusieurs aspects dont la restitution des biens culturels mal acquis et présents dans les pays européens, etc.), la croissance économique durable, les questions de climat dont les effets néfastes frappent, durement, les pays ACP alors que les démolisseurs du climat sont, tous, de l’UE, et surtout, la très importante question des migrations et des mobilités. Au moment où la Méditerranée est devenue le principal cimetière des migrants, l’UE manifeste sa « solidarité » en renforçant, drastiquement, à coups de centaines de millions d’euros, ses frontières (maritimes, aériennes et terrestres), parfois, jusque dans les pays ACP comme le Niger, le Tchad, la Libye. Pour les peuples africains, c’est une approche (tout simplement) inadmissible.

Ces questions essentielles trouveront, sans doute, des positions communes, côté ACP, en Ouganda, en 2019, pendant un Sommet qui réunira les chefs d’Etat et de gouvernement concernés. On doute, donc, que la négociation soit bouclée, pendant l’été 2019, comme le souhaitent les négociateurs UE. Ces derniers, on le sait, ont la contrainte des élections européennes de juin 2019 qui pourraient permettre l’arrivée au parlement européen d’une vague de populistes capables de remettre en cause l’architecture qui aura été mise en place.

D’un de nos envoyés spéciaux
à Bruxelles.

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