Coronavirus 2019-nCoV : L’OMS déclare l’urgence de « portée internationale »

Date

L’OMS (Organisation mondiale de la santé) vient de déclarer le Coronavirus 2019 une urgence de « portée internationale ». C’est la sixième fois qu’un tel dispositif est activé. L’objectif est d’intensifier la lutte contre l’épidémie au niveau mondial, à travers la mise en place de mesures temporaires.

Cette urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) a été déclarée, lors de la réunion de son Comité d’urgence sur le coronavirus 2019-nCoV, jeudi, 30 janvier, à Genève (Suisse). Ce dispositif n’avait pas été adopté lors d’une première réunion, la semaine dernière. Sauf que la donne a changé depuis, avec notamment, l’identification de cas de transmission entre humains hors de Chine.

Chaque mot a son sens.

D’abord, l’urgence, c’est le Règlement sanitaire international (RSI), qui définit l’Urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) et prévoit les conditions de son déclenchement. Ce document juridique a été révisé en 2005 (document PDF), en raison notamment des manquements observés lors des débuts de l’épidémie de Sras (2002-2003), marqués par quatre semaines de silence des autorités chinoises.

Une USPPI peut être déclenchée lors d’un « événement extraordinaire » qui représente « un risque pour la santé publique » en raison de la possible « propagation internationale de maladies ». Le problème sanitaire concerné doit être « grave », « soudain », « inhabituel » ou « inattendu ». Le déclenchement de cette urgence de santé publique « confirme bien que le phénomène a dépassé les frontières », selon Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève.

Dès lors, l’OMS met sa machine en marche pour s’assurer que tout va se passer de façon à circonscrire, rapidement, la menace et à l’enrayer. C’est ce qui va se passer maintenant.

Les conséquences de l’USPPI

En déclenchant l’USPPI, l’OMS demande aux Etats de faire preuve de la plus grande transparence sur les données sanitaires et d’accroître leur surveillance et leurs actions pour enrayer l’épidémie, à travers des recommandations temporaires, qui seront réévaluées dans trois mois. Ces mesures peuvent affecter les 196 pays signataires du Règlement sanitaire international, notamment, dans les secteurs du transport de personnes ou de marchandises. Des contrôles aux frontières pourraient être mis en place. L’OMS recourt, donc, avec parcimonie à ces mesures, qui peuvent affecter l’économie des pays concernés.

La Chine avait, déjà, pris les devants, avec des mesures de restrictions et de quarantaine de grande ampleur. Lors de sa première réunion, le Comité d’urgence a d’ailleurs souligné « les efforts des autorités chinoises pour contenir la maladie ».

L’OMS rechigne, en revanche, à prononcer des mesures commerciales. Lors de l’urgence Ebola, l’an passé, le directeur général de l’OMS avait mis en garde les Etats, soulignant que l’urgence ne devait pas devenir une excuse pour « imposer des restrictions au commerce ou aux voyages ». Dans le cas du coronavirus 2019-nCoV, de nombreux pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, Australie…) ont, déjà, émis des avertissements, afin de restreindre les déplacements vers la Chine continentale.

L’USPPI ajoute une pression politique supplémentaire sur la Chine, en confirmant que le pays n’a pas été en mesure de contenir l’épidémie sur son territoire. « C’est la raison pour laquelle les Etats souhaitent éviter qu’une telle urgence soit déclenchée et préfère que la gestion de la crise reste au niveau national », explique Antoine Flahault.

En espérant qu’une solution médicale sera vite trouvée…

« Une éventuelle USPPI a des conséquences sur le développement d’un vaccin, car il est dès lors considéré comme une priorité mondiale », explique Emmanuel André, microbiologiste et professeur de médecine à l’Université catholique de Louvain (Belgique). Cela permet de faciliter les démarches administratives entre les différentes étapes de développement clinique et d’accélérer la mise à disposition d’un vaccin. « Comme lors de l’épidémie de virus Ebola, on peut imaginer qu’en raison de l’urgence, les organismes qui ont pour rôle de vérifier la rigueur et l’efficacité des études vont jouer un rôle facilitant entre les différentes étapes », souligne-t-il.

Après cette déclaration d’urgence internationale, en effet, les autorités sanitaires – dont l’agence européenne des médicaments (EMA) – vont sans doute délivrer des « fast track » aux équipes impliquées dans la recherche d’un vaccin. Ce dispositif permet d’accélérer l’accès à certaines étapes, comme la réalisation d’essais cliniques, alors qu’un développement classique peut nécessiter plusieurs années.

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

×
×

Panier