COTE D’IVOIRE : Alassane Ouattara de moins en moins démocrate, de plus en plus dictateur !

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Alassane Ouattara fait parler de lui depuis quelque temps : amnistie de prisonniers politiques, refonte annoncée de la commission électorale, éclatement de la coalition au pouvoir, manoeuvres plus ou moins suscitées au sein du camp de l’ex-président Laurent Gbagbo… Les événements s’accélèrent en Côte d’Ivoire avant les élections locales d’octobre mais, surtout, à deux ans de la présidentielle à laquelle Ouattara dit ne pas être candidat. C’est lui qui le dit. Mais a-t-il déjà respecté sa parole un jour ? En tout cas, son action politique est illisible. Il pratique de la navigation à vue et personne ne sait où il veut aller.

Pourquoi a-t-il amnistié Simone Gbagbo et les politiques ? Il ne l’a pas expliqué et personne ne le sait vraiment. Chacun y va de son commentaire.

Ce qui est sûr, c’est qu’en amnistiant lundi, 6 août, Simone Gbagbo, condamnée à 20 ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’Etat, et 800 autres personnes afin, pense-t-on, de favoriser la réconciliation nationale, le président ivoirien a pris tout le monde par surprise. Personne ne s’y attendait alors qu’on l’accuse de pratiquer une « justice des vainqueurs ». En huit ans de pouvoir pendant lesquels il a envoyé à la CPI son prédécesseur, Laurent Gbagbo, et un de ses ministres, Charles Blé Goudé, Ouattara n’a fait traduire aucun de ses anciens militaires rebelles auteurs d’exactions devant aucun tribunal. Au contraire, il les a tous promus.

Cela dit, cette « amnistie vient tard pour l’objectif politique recherché. Ouattara n’est plus en position de force (…) il n’a plus la main. Il n’a pas pris cette décision de bon coeur ». En effet, il est attaqué de toutes parts, y compris par ses soutiens de toujours : le monde occidental.

En effet, le président a perdu la confiance des chancelleries européennes, qui jugent son régime peu démocratique, selon un rapport confidentiel cinglant de l’UE (Union européenne) qui a fuité en juillet.

Au niveau politique, sa coalition avec son allié, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), a éclaté, le PDCI refuse d’avaler l’ultime couleuvre du « parti unifié », que Ouattara tentait de lui imposer. Le RHDP n’a fonctionné que parce que Bédié acceptait un rôle de « béni oui oui ». Lors des dernières législatives, les leaders de l’UDPCI et du MFA avaient été jetés du gouvernement par Ouattara juste parce qu’ils refusaient la façon dont Ouattara avait reparti les postes de députés, la part du lion revenant à son parti, le RDR. Ministre des Affaires étrangères, Mabri Toikeusse fut, par exemple, sèchement, éconduit du gouvernement pour avoir dit Non à Alassane Ouattara dans le cadre de cette répartition que présidait, pourtant, Henri Konan Bédié. Pour avoir dit Oui, cette fois, au « parti unifié » (RHDP), Mabri Toikeusse a retrouvé une place au gouvernement, comme ministre de l’Enseignement supérieur. Commentaire d’un observateur européen (allié de Ouattara) : « le président est un véritable monarque qui s’ignore ». Mais, il n’y a pas que sur le plan politique que le bilan d’Alassane Ouattara est jugé peu démocratique.

Sur le plan socio-économique, les classes populaires grognent. La croissance, remarquable, est inégalement partagée, selon la Banque mondiale. Il y a quelques années, on reprochait au président d’allouer un budget annuel de 300 milliards de F CFA (450 millions d’euros) aux activités de la première dame, qui est nullement une institution en Côte d’Ivoire : Dominique Ouattara est connue comme étant une femme d’affaires redoutable et grâce à qui, son époux est devenu président de Côte d’Ivoire.

Ouattara n’est pas non plus à l’aise dans les casernes. Ces deux dernières années, il a été, fortement, fragilisé par les mutineries. « Les jeunes gens » lui reprochaient de ne pas tenir ses engagements dans le maquis.

Bien qu’il dise à qui veut l’entendre qu’il faut laisser la présidence de la République aux jeunes, il préparerait en secret un troisième mandat. L’ayant vu venir très vite, Henri Konan Bédié a souhaité sa loyauté en lui demandant de déclarer qu’en 2020, le candidat du RHDP sortirait des rangs du PDCI. Coincé, Ouattara s’est d’abord muré dans un silence coupable et comme il était pressé par le leader du PDCI, il a trouvé la formule de la compétitivité qui permettrait au meilleur candidat de n’importe quelle formation composant le RHDP de pouvoir avoir l’onction de ce mouvement. Dernière trouvaille du chef de l’Etat (toujours pour précipiter la retraite de son cher « aîné » Bédié) : « place aux jeunes comme en France, en Belgique, au Canada ». Ouattara démocrate ? Il est plutôt un dictateur qui porte un gant de velours. Mais sa dictature est plus féroce et provoque plus de dégâts que chez les potentats qui font couler le sang de leurs compatriotes tous les jours.

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