De gigantesques scandales qui éclatent en Argentine et au Pérou, d’anciens présidents centraméricains devant la justice : l’Amérique latine est, de nouveau, secouée par une vague d’affaires de corruption. On croyait le système complètement révolu. Personne ne pensait qu’on reparlerait des Républiques bananières au 21e siècle comme dans les années 60. On y est pourtant en plein. L’appât du gain facile a-t-il donc encore de beaux jours devant lui ?
– Une douzaine d’ex-présidents éclaboussés
En Argentine, des « cahiers d’écolier » font trembler, depuis quelques jours, hommes politiques et grands patrons. Oscar Centeno, le chauffeur d’un ministère sous l’ère Kirchner y a noté, méticuleusement, les dizaines de millions de dollars versés entre 2005 et 2015, à l’administration, par des chefs d’entreprises pour obtenir des contrats.
Plusieurs hauts-fonctionnaires et dirigeants de société sont sous les verrous et Cristina Kirchner, présidente de 2007 à 2015, est convoquée, ce lundi, 13 août, par le juge.
Au Pérou, c’est la diffusion début juillet d’enregistrements audios, qui a plongé le système judiciaire dans la tourmente. On y entend des juges négocier les peines de prévenus. Le ministre de la Justice, Salvador Heresi, le président de la Cour suprême, Duberli Rodriguez et le président du Conseil de la magistrature, Orlando Velasquez, qui nomme les juges et les procureurs, ont été, tous, contraints de démissionner. Un coup de tonnerre dans le ciel de Lima.
En réponse au scandale, le président péruvien, Martin Vizcarra, a lancé une vaste réforme judiciaire et annoncé un référendum pour la légitimer.
En Amérique centrale, l’ex-président salvadorien, Elias Antonio Saca (2004-2009), en prison depuis près de deux ans, vient de reconnaître avoir détourné plus de 300 millions de dollars (150 milliards de F CFA) durant son mandat. Son successeur, Mauricio Funes (2009-2014), accusé des mêmes faits et recherché, est en fuite au Nicaragua. Carrément !
Au Panama, l’ex-chef d’Etat, Ricardo Martinelli (2009-2014), a été extradé, en juin, des Etats-Unis : il est impliqué dans une vingtaine de dossiers de corruption. Pas moins !
Du Brésilien Lula Ignacio da Silva (notre photo), aux quatre derniers dirigeants péruviens, actuellement, dans la région, « il y a une douzaine d’ex-présidents en prison, en fuite, impliqués ou destitués » pour des affaires de ce type, souligne l’avocat péruvien, José Ugaz, ex-président de l’ONG anti-corruption Transparency International.
Une partie de ces dossiers sont en lien avec le géant brésilien du BTP Odebrecht, au coeur d’un vaste scandale de corruption qui ébranle la classe politique régionale.
En Afrique, la corruption a, aussi, de beaux jours devant elle. Contrairement à l’Amérique latine, la justice dans la plupart des pays africains où la corruption sévit, n’appliquent pas une justice indépendante. La justice se fait au gré des intérêts du maître et ce n’est pas demain la veille que les choses changeront. Conclusion : si on peut espérer que les choses changent en Amérique latine, en Afrique, par contre, la corruption et la justice opaque, ont encore de beaux jours devant elles.