Afrique Education a cherché un seul appui à l’international pour le « menteur d’Abidjan » sans trouver. Oui, c’est vrai qu’il existe un président africain qui soutient Ouattara dans sa volonté de briguer un 3e mandat. Ce chef d’Etat africain s’appelle Alpha Condé de Guinée, qui subit, lui aussi, les foudres de son opposition parce que, comme Ouattara, il veut s’octroyer un 3e mandat anticonstitutionnel. Qui se ressemble s’assemble. Mais, tout le monde est contre : les Nations-Unies ont demandé au président Ouattara de dialoguer et d’organiser une élection pacifique et inclusive. L’Union européenne est allée plus loin en demandant la prise en compte des décisions de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, qui réclame l’inscription de Laurent Gbagbo et de Guillaume Soro sur la liste des candidats. Depuis ce 30 septembre, matin, la Fondation Kofi Annan a joint sa voix au concert des nations pour demander à son tour, une élection présidentielle pacifique, inclusive, transparente et libre. Car l’heure est grave. Après le retrait des candidats Henri Konan Bédié (PDCI) et Pascal Affi N’Guessan (FPI), c’est au tour des représentants de l’opposition qui siégeaient dans les instances de la CEI de démissionner de leurs fonctions. Il s’agit du représentant de l’Alliance des forces démocratiques (AFD) dirigée par Pascal Affi N’Guessan et celui de la Ligue des mouvements de progrès (LMP) dirigée par Kabran Appiah. Cela veut dire que, désormais, la CEI est composée à 100% par les membres du RHDP, le parti du « menteur d’Abidjan ». Les choses vont donc de mal en pis car Ouattara va se retrouver tout seul à cette élection, sauf qu’elle risque de ne pas se tenir le 31 octobre comme prévu (sur notre photo Kofi Annan avec Alassane Ouattara).
Voici l’appel pour des élections pacifiques en Côte d’Ivoire de la Fondation KofiAnnan.
La Côte d’Ivoire se prépare à l’élection présidentielle du 31 octobre. Ces prochaines élections constitueront une étape importante dans le développement du pays. Elles doivent être libres et équitables et la course électorale doit rester pacifique pour que les résultats soient largement acceptés par le peuple ivoirien.
C’est possible, mais ce n’est pas donné. La Côte d’Ivoire en 2020 n’est pas la Côte d’Ivoire en 2010 mais le risque d’une nouvelle confrontation dans le pays est réel. Le moment est venu de prendre des mesures préventives.
Le conflit post-électoral de 2010-2011 a fait plus de 3 000 morts et causé des dommages économiques importants. Le courage et la détermination des Ivoiriens ont permis au pays de connaître une reprise remarquable et de réaliser de réelles avancées en matière de déve-loppement économique et social.
Toutefois, la croissance économique à elle seule ne suffit pas à panser les plaies de la Côte d’Ivoire. Alors que la pandémie paralyse l’économie, elles reviennent sur le devant de la scène. En l’absence de justice pour les atrocités passées et de vraie réconciliation nationale, le climat politique reste tendu.
Les signes d’alerte sont clairs. Dans un contexte de méfiance et de controverse sur la légitimité des listes électorales, l’indépendance de la commission électorale et l’exclusion de certains dirigeants politiques de la course, on constate une augmentation des discours haineux et des affrontements le long de lignes ethniques et religieuses. Le conflit peut être évité, mais des mesures sont indispensables et urgentes pour rétablir la confiance.
Nous appelons le peuple de Côte d’Ivoire à ignorer les voix de ceux qui tenteraient de le manipuler par des appels à une politique de division identitaire.
Nous appelons la classe politique ivoirienne à démontrer qu’elle a conscience de sa responsabilité historique et son engagement en faveur de la paix et de la stabilité. Les prisonniers politiques doivent être libérés, la liberté d’expression et de circulation doit être garantie et les droits de tous les citoyens doivent être protégés.
Nous appelons le président de la République et tous les acteurs politiques à engager un dialogue national inclusif, grâce auquel les partis politiques et les représentants de la société civile pourront créer les conditions nécessaires pour assurer la confiance dans les élections. Immédiatement après celles-ci, la Côte d’Ivoire devrait engager des réformes de son système politique et environnement électoral pour consolider la paix et la stabilité.
Enfin, nous appelons la communauté internationale, les Nations-Unies, l’Union africaine et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest à collaborer avec les dirigeants et le peuple de Côte d’Ivoire pour garantir aux élections une issue pacifique et largement acceptée.
Le moment est venu d’agir.
Fait à Genève, le 30 septembre 2020
La Fondation
Signataires :
•Ruth Dreifuss – ancienne conseillère fédérale et présidente de la Confédération suisse, membre du panel Kofi Annan de personnalités distinguées pour l’Intégrité électorale.
•Bert Koenders – ancien ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, ancien représentant spécial et chef de mission des Nations-Unies en Côte d’Ivoire, membre du panel Kofi Annan de personnalités distinguées pour l’Intégrité électorale.
•Carlos Mesa – ancien président de la Bolivie, membre du panel Kofi Annan de personnalités distinguées pour l’Intégrité électorale.
•Olusegun Obasanjo – ancien président du Nigeria
•José Manuel Ramos-Horta – ancien président du Timor-Leste, lauréat du prix Nobel de la Paix, membre du panel Kofi Annan de personnalités distinguées pour l’Intégrité électorale
•Elhadj As Sy – président du conseil d’administration de la Fondation Kofi Annan, co-président du Conseil mondial de suivi de la préparation (GPMB), ancien secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).