Alassane Ouattara est devenu le « boulanger » d’Abidjan. Avant, c’était Robert Gueï, puis Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, c’est lui qui roule tout le monde dans la farine, d’où ce surnom de boulanger. Il avait signé avec Henri Konan Bédié le pacte qui impliquait ce dernier dans sa campagne électorale du deuxième tour pour qu’il gagne la présidentielle face à Gbagbo, en 2010, sachant qu’en 2015, c’est Alassane Ouattara qui devait soutenir Henri Konan Bédié pour lui succéder pour un mandat aussi. Mais, à mi-mandat, il soutint qu’il avait engagé des chantiers qui n’étaient pas encore terminés et qu’il voulait achever avant de quitter le pouvoir en 2020. Très compréhensif, Bédié le soutint, à nouveau, et il obtint sa réélection sans problème. Conscient du fait qu’il ne voulait pas quitter le pouvoir, il entreprit la modification de la constitution pour faire sauter le verrou de deux mandats, en expliquant qu’il modernisait tout simplement les textes constitutionnels de Côte d’Ivoire et qu’il n’était pas question qu’il se représente à nouveau. Alors que Henri Konan Bédié attendait patiemment son tour, ainsi que le soutien du président sortant, Alassane Ouattara se représenta, malgré les morts lors des protestations contre ce troisième mandat. Pour se justifier, il disait que ses deux premiers ministres morts (bizarrement) l’un à la suite de l’autre, laissaient une place vide au RHDP qui ne pouvait être représenté que par sa modeste personne. Emmanuel Macron qui avait salué ce retrait, en grandes pompes, ce qui était, d’ailleurs, un élément très positif pour sa politique africaine, dut déchanter très rapidement.
Pour ce quatrième mandat qui lui tend les bras, Ouattara (qui sait comment une telle éventualité serait impopulaire) laisse passer le temps et parler ses fidèles lieutenants et les militants du RHDP qui ne cessent de réclamer sa candidature. Son silence complice est interpreté comme celui de quelqu’un qui va être candidat car si tel n’était pas le cas, il l’aurait déjà annoncé depuis belle lurette et se serait mis à préparer son successeur au sein du RHDP. C’est la raison pour laquelle l’ancien président français et grand ami du couple présidentiel de Côte d’Ivoire, Nicolas Sarkozy, devrait s’y rendre, prochainement, à la demande d’Emmanuel Macron, pour convaincre Alassane Ouattara de quitter le pouvoir. A moins que cette sortie d’Afrique Education ne fasse capoter ce projet. Mais, même si tel est le cas, Macron compte plusieurs autres canaux pour communiquer avec Ouattara, sur cet éventuel retrait.
Chanteur ivoirien à succès, Meiway, en août 2020, avait critiqué, ouvertement, Alassane Ouattara, après l’annonce de son troisième mandat. Voici relayés ses propos, en 2020 :
« Excellence Monsieur le Président de la République, Monsieur Alassane Ouattara, votre candidature à la prochaine élection présidentielle est contraire aux engagements que vous aviez solennellement pris devant le peuple ivoirien. Toute ma vie d’artiste, au nom de ma loyauté, j’ai milité pour le peuple, j’ai milité pour les plus faibles. J’ai sacrifié une grande partie de ma carrière pour défendre la paix, l’amour, l’unité et la prospérité dans mon pays. Par conséquent, mon intervention s’impose. Car l’heure est grave. Monsieur le Président, on ne bâtit pas un pays sur un régime de peur. On ne bâtit pas un pays en exilant ses fils, et en emprisonnant les porteurs d’idées opposées, en succombant à la tentation et à l’éternité politique, vous risquez de faire sombrer la Côte d’Ivoire dans un chaos que nous croyions éloigné à jamais. Allez vous sacrifier tout ce que vous avez bâti pour vous classer du mauvais côté de l’histoire de notre pays ? Allez-vous tomber sans résister dans le destin tragique des chefs d’Etat africains obsédés par le pouvoir ? Monsieur le Président, vous avez encore une chance d’échapper aux prédateurs qui tournent et s’agitent autour de vous pour leurs intérêts et non pour les vôtres. S’il n’y a aucune personne dans la jeune génération pour vous succéder, vous avez dès lors Monsieur le Président échoué. Il faut le reconnaître en renonçant à ce mandat qui sera un mandat de trop. Car le peuple ivoirien qui vous a porté, qui vous a accompagné à la magistrature suprême, pourrait vous manquer de respect. En vous remerciant d’avance pour votre attention, je vous prie, Monsieur le Président, de retenir que je sais prévenir, je ne sais pas guérir. Je vous remercie » (Signé Meiway alias professeur Awolowoh).