COTE D’IVOIRE : Si le ridicule pouvait tuer

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« Les cœurs artificiels ne sont pas une nouveauté ;

les politiciens en ont depuis longtemps »

Mack McGinnis.

Les Ivoiriens courent tous dans les temples de la foi tous les vendredis et tous les dimanches ; mais voilà que leur manque d’humilité, de sagesse, d’empathie et de réalisme les plonge dans une zone tumultueuse où le vent que sèment les politiciens va conduire le pays à une tempête qui balaiera tout à nouveau.

La campagne électorale est ouverte depuis quelques jours, et le ridicule avec. Vous l’aurez tous entendu. Morceaux choisis : « Les autres [ne] veulent pas venir aux élections. Ils ont peur de venir aux élections. Ils ont peur de perdre les élections… S’ils sont garçons, qu’ils viennent hotoaux élections… Au lieu de rester dans leurs salons climatisés, dans leurs bureaux climatisés… Ils n’ont qu’à venir aux élections, nous allons les battre » (sur notre photo, les cinq candidats qui vont compétir le 25 octobre 2025).

Si le ridicule pouvait tuer… Comme le disait Napoléon Bonaparte, « En politique, une absurdité n’est pas un obstacle » ; mais quand même… Les bras nous en tombent. A qui s’adresse une telle flagrante falsification de la réalité ? Les Ivoiriens sont-ils si oublieux et si crédules pour se prêter à ce jeu de dupes ? C’est à se demander si nous vivons dans le même pays. Qui sont ceux qui ont peur de participer à l’élection présidentielle ? S’agit-il de ceux que le CEI a refusé d’inscrire sur la liste électorale et dont les candidatures ont été rejetées par le Conseil Constitutionnel ? Comment donc peut-on les accuser « d’avoir peur de venir aux élections » ? On en rirait si les enjeux n’engageaient pas l’avenir du pays ; parce que, entretemps, des voix se lèvent pour paralyser l’école déjà mal en point, pour « bloquer tout », pour une « désobéissance civile ». Et l’image fragile de la Côte d’Ivoire à l’International est à nouveau écornée, parce que nous ne sommes pas capables de tenir notre engagement de « l’Espérance promise à l’Humanité ». Le cancer était latent. Il se métastase sous nos yeux.

Les grands exclus de la présidentielle de 2025 : Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Guillaume Soro et Charles Blé Goudé.

Et comme nous le dit la Bible (voir Livre d’Osée 8 : 7) « Ils sèment le vent, ils récolteront la tempête » ; car tous ceux qui agissent de manière irresponsable doivent s’attendre à des conséquences plus graves que prévu. Et pourtant, nous courons tous dans les temples de la foi tous les vendredis et tous les dimanches ; mais voilà que notre manque d’humilité, de sagesse, d’empathie et de réalisme nous plonge dans une zone tumultueuse où le vent que nous sèment les politiciens va nous conduire à une tempête qui balaiera tout à nouveau.

« Pleure O mon pays bien aimé », écrivait Alan Paton (1948) pour décrier l’injustice raciale en Afrique du Sud. Le livre se termine avec le Révérend Kumalo méditant au sommet d’une montagne à l’aube, métaphore pour l’aube de l’émancipation de son peuple qu’il exprime en ces mots : « Mais quand viendra cette aube, de notre émancipation, de la peur de l’asservissement, et de l’asservissement de la peur, eh bien, cela reste un secret ». Espérons seulement que cela ne prenne pas 50 autres années, comme ce fut le cas en Afrique du Sud.

Paulin G. Djité, PhD, NAATI III, AIIC

Chevalier dans l’Ordre des Palmes Académiques

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