CPI : Jean-Pierre Bemba jugé coupable restera en prison

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« La chambre déclare Jean-Pierre Bemba coupable en tant que personne faisant effectivement fonction de chef militaire », a affirmé la juge, Sylvia Steiner, expliquant qu’il « agissait de fait en tant que commandant militaire et avait le contrôle effectif de ses troupes ».

Ancien chef rebelle du Nord de la République démocratique du Congo (RDC), Jean-Pierre Bemba était, en effet, poursuivi, non en tant qu’auteur ou co-auteur, mais, en vertu du principe de la « responsabilité du commandant ».

Il s’agit du premier jugement condamnant un commandant militaire et le premier de la CPI (Cour pénale internationale), à condamner l’utilisation de viols et violences sexuelles en tant que crimes de guerre.
La sentence sera prononcée à une date ultérieure. Il risque jusqu’à 30 ans de détention ou la prison à perpétuité, si les juges estiment que l' »extrême gravité du crime » le justifie.

« Je crois que c’est un jour très important pour la justice pénale internationale surtout en ce qui concerne les crimes sexuels », a affirmé Fatou Bensouda, ajoutant que ce jour était « historique ».
Agé de 53 ans, l’ancien homme d’affaires, vêtu d’un costume sombre et d’une cravate lie-de-vin, semblait tendu en écoutant le prononcé du jugement.

« Je pense qu’il était déçu », a affirmé son avocat, Peter Haynes. »Je dois lire le jugement et voir s’il peut être critiqué et si c’est le cas, nous nous retrouverons devant la Chambre d’appel assez rapidement ».
A Kinshasa, des militants de son parti, le Mouvement de libération du Congo (MLC) se sont dits « tristes » de ce verdict, certains affirmant « douter de la crédibilité de la CPI » qui « s’acharne contre les Africains, particulièrement, les Congolais ».

Jean-Pierre Bemba avait plaidé non coupable lors de l’ouverture de son procès, en novembre 2010, deux ans après son arrestation, à Bruxelles, en vertu d’un mandat d’arrêt de la CPI. Il était accusé de trois crimes de guerre et de deux crimes contre l’humanité : meurtres, viols et pillages.

Quelque 1.500 hommes, en armes, de l’ancien chef rebelle, s’étaient rendus, en Centrafrique, en octobre 2002, pour soutenir le président, Ange-Félix Patassé, victime d’une tentative de coup d’état menée par le général, François Bozizé.

Là, ils ont violé, pillé et tué, a assuré la juge, égrenant une longue liste de viols, souvent, accompagnés d’autres violences, commis par les troupes de Jean-Pierre Bemba.
Ce jugement « est un rappel vibrant aux supérieurs – militaires et civils – qu’ils ont la responsabilité d’éviter et de faire cesser les attaques commises par leurs soldats sur des civils », a assuré Géraldine Mattioli-Zeltner, de l’Organisation, Human Rights Watch.

« Ce premier verdict coupable à la CPI pour violences sexuelles met en lumière l’utilisation du viol comme arme de guerre », a-t-elle ajouté, évoquant « l’important besoin de justice » pour ces crimes en République démocratique du Congo, d’où Jean-Pierre Bemba est originaire.

Pour Amnesty International, le jugement est, également, « historique ». « Le jugement est un message clair que l’impunité pour des violences sexuelles en tant qu’outil de guerre ne sera pas tolérée », a affirmé Samira Daoud dans un communiqué.

Selon la défense, il n’y avait « aucune preuve d’un ordre venant de M. Bemba vers ses troupes en Centrafrique », mais, les juges ont estimé que par téléphone, radios ou téléphone satellite, Jean-Pierre Bemba était en « contact constant » avec ses troupes.

« Il avait une ligne directe de communication, il pouvait émettre des ordres et c’est ce qu’il a fait », a affirmé la juge Steiner.
Plus de 5.200 victimes ont été reconnues dans cet affaire, le plus grand groupe dans l’histoire de la CPI.

François Bozizé avait, finalement, renversé Ange-Félix Patassé, en 2003, avant d’être, lui-même, renversé, en mars 2013, par la rébellion à dominante musulmane de la Séléka, ce qui a précipité le Centrafrique dans un cycle de violences intercommunautaires.

Elles ont culminé, fin 2013, par des massacres, à grande échelle, et le déplacement forcé de centaines de milliers de personnes.
Le procès a été entaché d’accusations de subornation de témoins, menant même à l’arrestation de plusieurs proches de M. Bemba.

Avec AFP

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