CRISE EN COTE D’IVOIRE : Après les mutins, les « démobilisés » exigent leur part de primes

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Des ex-rebelles ivoiriens démobilisés, réclamant des primes similaires à celles des mutins qui ont ébranlé le pays la semaine dernière, ont bloqué, ce lundi, 22 mai, des accès à Bouaké, deuxième ville du pays, et Korhogo. A Abidjan, une cinquantaine d’entre eux a tenté de bloquer le secteur de Gesco avant de se faire disperser par des unités de police et de gendarmerie, vite, dépêchées sur les lieux. La crise est loin (très loin) d’être finie. Dans ces conditions, on peut avancer sans risquer de trop se tromper que le pire est devant la Côte d’Ivoire.

A Bouaké (Centre), ancienne capitale rebelle, les démobilisés (anciens rebelles ayant soutenu les tentatives d’Alassane Ouattara de prendre le pouvoir par un coup d’état militaire) ont chassé la police et la gendarmerie du corridor Sud d’entrée de la ville et empêché la circulation sur cet axe (notre photo), qui est le principal du pays, reliant au Sud à la capitale économique du pays Abidjan, et Nord, au Burkina Faso voisin.

Dans la ville de Korhogo (Nord), une cinquantaine de démobilisés ont pris le contrôle de l’entrée Nord de la ville. « Comme les militaires mutins, nous réclamons nos primes de guerre (rébellion) au président Ouattara », a indiqué Issouf Ouattara, un des démobilisés.

A Abidjan, une cinquantaine de démobilisés ont tenté de bloquer l’entrée nord de la ville, mais, ont été refoulés par des policiers.

Les démobilisés (dont le nombre est estimé à environ 6.000 à travers le pays) sont d’anciens rebelles qui n’ont pas été intégrés à l’armée (contrairement aux mutins). Lors de la mutinerie mi-mai, un démobilisé avait été tué à Bouaké par les soldats révoltés qui estimaient que les revendications des démobilisés mettaient en péril le paiement de leurs primes.

Le démobilisé, qui avait succombé à ses blessures le 14 mai, devait être enterré ce lundi et ses camarades ont prévu des actions dans le pays.

La ministre de la Solidarité, le professeur, Mariatou Koné, venue assister à la levée du corps à la morgue, a prononcé un discours promettant, notamment, qu’un fonds soit mis en place pour des « projets » (aide à la création d’entreprises) de démobilisés. Ses propos ont provoqué la colère des démobilisés, qui ont failli la prendre en otage. La tension était au maximum, ce qui a contraint la ministre à se faire toute petite pour se sortir de cette fâcheuse situation. « On ne veut pas des projets, on veut l’argent », réclamaient-ils à haute voix.

La ministre a, alors, regagné sa voiture, où elle a dû attendre, au moins, une dizaine de minutes avant que les démobilisés acceptent de la laisser partir.

Les démobilisés réclament « 18 millions de F CFA de primes » (27.000 euros) alors que les mutins ont obtenu 12 millions (18.000 euros) après leurs deux mouvements de janvier et mai. Ce chiffre multiplié par 6.000 et on a le total de la dette réclamée au président, Alassane Ouattara.

« Comment paie-t-on 17 millions – 12 millions cette année et 5 millions en 2014 selon lui – aux mutins et à nous, on nous parle de projets », a ironisé M. Megbe, porte-parole des démobilisés ? C’est de l’injustice : « Deux poids deux mesures ». Inacceptable, clame-t-il.

Les démobilisés estiment avoir été tournés en bourrique par différents ministres et patrons de l’armée qui les ont reçus, sans leur dire rien de concret. Désormais, ils exigent d’être reçus, directement, par le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, à son retour d’Arabie Saoudite. Une situation qui complique, considérablement, ses trois dernières années de son deuxième et dernier mandat.

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