CRISE EN UKRAINE : Les réfugiés africains persona non grata en Pologne

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Dans un communiqué de presse intitulé « Stop au racisme en Ukraine ! », une trentaine d’organisations de la société civile (en Europe), sous la coordination de Biro Diawara, dont Africa Centre for Democracy and Human Rights Studies (ACDHS), Afrika Jom Center, l’Association Panafrica, ont exprimé, le 2 mars, leur « grave préoccupation face aux actes de traitement discriminatoire et inhumain que les ressortissants africains vivant ou résidant en Ukraine, subissent suite à la guerre déclenchée depuis le 24 janvier ». Deux jours auparavant, le roi, Tanyi Tambe-Ayuk Robinson, au nom des rois et chefs africains, n’avait pas hésité à saisir, directement, le président, Macky Sall, en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine, pour exprimer cette même vive préoccupation.

Il faut dire que plusieurs citoyens d’origine africaine sont confrontés à la persécution, à la xénophobie, au racisme, à la discrimination raciale de la part des autorités ukrainiennes. En effet, la police ukrainienne empêche l’évacuation des ressortissants d’origine africaine. A cela s’ajoutent les actes xénophobes orchestrés par les autorités polonaises qui procèdent de manière sélective à l’autorisation d’entrée des personnes fuyant la guerre sur des critères liés à leur couleur de peau. C’est ainsi que plusieurs citoyens africains sont retenus à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne.

A cet effet, la trentaine des organisations de la société civile agissant en Europe, rappelle l’existence de l’Article 1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui stipule : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».

Les organisations de la société civile soulignent aussi que l’Article 14.1 de la même Déclaration dit ceci : « Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays ».

Les organisations concernées « dénoncent ces pratiques hideuses, xénophobes et discriminatoires relevant d’un autre âge (et) condamnent fermement ces atteintes contraires aux droits humains et aux principes du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire » et pour finir « demandent impérativement à l’Union africaine, à l’Union européenne et aux Nations-Unies de se saisir immédiatement de cette situation afin de garantir et assurer une protection adéquate à ces personnes en détresse ».

Cela dit, à tout seigneur tout honneur. Reconnaissons que c’est le roi, Tanyi Tambe-Ayuk Robinson, qui, le premier, a secoué le cocotier. En effet, dès le 28 février, il a, en tant que président général de l’AIGC (African Indigenous Governance Council), saisi le président, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine, pour lui faire part de sa grave préoccupation concernant les actes racistes sur les Africains voulant sortir de l’Ukraine, qu’il a visionnés dans les clips et vidéos, et qui montrent les Africains qu’on empêche de laisser sortir de l’enfer ukrainien. D’où l’interpellation du président en exercice de l’Union africaine dans des termes assez vifs : « Je me lève pour exiger que vos bons offices interviennent dans cette saga et agissent rapidement en engageant directement les gouvernements ukrainien et polonais ». Le roi finit par correctement s’indigner : « Il est certainement dégoûtant, de mauvais goût, malsain, injustifié, inconvenant et inacceptable, qu’une telle ségrégation se produise dans un contexte de crise comme celle à laquelle nous assistons en Ukraine ».

Ces différents appels ont été entendus. Les autorités africaines ne sont pas restées les bras croisés. La situation s’améliore à la frontière polono-ukrainienne pour les réfugiés africains au point où ce vendredi, 4 mars, l’ambassadeur de Pologne en France, Tomasz Mlynarski, s’est invité à la télévision française pour jurer (la main sur le cœur) que son pays ne faisait aucun tri dans les réfugiés : « La Pologne reçoit tous les réfugiés y compris ceux d’origine africaine. Nous avons déjà recueilli les ressortissants de 150 nationalités » qui demanderaient toutefois à être traitées selon la Convention de Genève.

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